Une envie de jardins en Vaucluse
Georges Lévêque vous emmène dans divers jardins en Vaucluse sélectionnés pour leurs différences.
« Touristes de Jardins » qui avez planifié un voyage de découverte de jardins en Provence, voici une sélection vauclusienne. Elle répertorie cinq jardins du Vaucluse de genres très différents. Cela va d’un jardin au décor à la fois classique et contemporain chez Guy Hervais, homme aux multiples talents, au jardin de collections typiquement 19ème, celui du naturaliste Jean-Henri Fabre qui passa sa vie à étudier les insectes et les plantes méditerranéennes.
Liste espérée exhaustive disponible sur : www.provenceguide.com
Comme toutes visites appelées à s’étaler sur plusieurs jours, il faut trouver un abri pour le soir. La Provence est riche d’habitats variés. Voici deux adresses où les jardins ont leur place pour vous recevoir dignement.
Dans la catégorie des hébergements classiques et chics, l’hôtel Le Mas de Guilles à Lourmarin mérite son appartenance à la chaine Relais du Silence dont il fait partie. La maison est ancienne, bien restaurée et sans excès, avec piscine. Le restaurant n’est pas la moindre des attractions : bon chef, service sobre et élégant et nourriture parfaite.
Le Pavillon de Galon et son hectare de jardin, entre quatre hectares de vignes, figuiers, cerisiers, lavandes et plus encore, est devenu le jardin-phare du Vaucluse. Du jardin, on voit le clocher de l’église de Cucuron distant d’un kilomètre. Proche d’un village typiquement provençal donc, resserré sur lui-même avec son labyrinthe de rues étroites, tout en paraissant si éloigné du monde ! Du Pavillon de Galon, le paysage de la plaine sud au pied du Luberon laisse espérer toutes les récoltes, toutes les félicités. Habitat d’une rare élégance, restauré pour l’usage d’une famille et deux chambres d’hôtes, Galon est un exemple pratiquement intact d’une maison de villégiature, précédée d’un jardin d’agrément. Anciennement villa patricienne romaine devenue ferme, puis pavillon de chasse construit à la fin du 18ème siècle pour un riche armateur marseillais. Celui-ci fit édifier quelques fontaines et utilisa le bassin olympique romain (disparu un temps puis retrouvé enfoui sous un marais) pour l’agriculture. Tous ces points d’eau sont alimentés par les sources de la propriété. Le couple Bibi et Guy Hervais a repris cet endroit en mauvais état en 1999, restauré avec des techniques anciennes le corps de bâtiment, replanté des jardins, créé un verger patrimonique, un potager, une figuière, une oliveraie et « redoré » le vignoble. Guy Hervais, ancien photographe devenu à la fois cultivateur, restaurateur en même temps que le « créatif » de sa société de design, est aux manettes. Tout est dit à www.garden-secret.com
Au fil de ces dernières années, le Pavillon de Galon est devenu membre de l’Association des Parcs et Jardins de Provence-Côte d’Azur et a reçu la distinction de Jardin Remarquable. Sa visite est donc possible, essentiellement sur rendez-vous.
Autant il faut « montrer patte blanche » pour découvrir les fastes créatifs des jardins de Galon, autant il est aisé de rendre visite à ceux de Val Joanis à Pertuis. Val Joanis est un espace de 400 hectares dont 100 de vignobles avec en son coeur un château, dont les bases sont du 16ème siècle, posé sur un promontoire entouré de beaux arbres dont certains sont plus que centenaires.
Cécile Chancel qui habitait là il y a quelques années a toujours eu du goût pour les jardins. Il y a vingt ans, on se pressait à sa porte pour admirer ses essais, ses dessins, ses plantations. Femme admirable, infatigable, entreprenante, tantôt en Provence, tantôt à Paris ou Guernsey ou New York, et malgré ces nombreux déplacements son oeuvre prenait forme. Elle et son mari ont cédé Val Joanis pour d’autres aventures. Son oeuvre reste le joyau du domaine, le potager préservé, le mulch couvre-sol de mulcao continue de parfumer les parcelles et les visites sont faciles. Contigu à l’espace commercial du vignoble, ce jardin est accessible à la belle saison aux heures d’ouverture de la boutique. Val Joanis propose des bouteilles dans les trois couleurs de vins, régulièrement primés dans les concours viticoles. S’il faut consommer le vin avec modération, la visite des jardins n’exige pas la même prudence.
Alors direction Bonnieux, un des villages phares du Luberon, sans accent sur le « e » et bien que par confort de prononciation on prononce souvent « é ». Peter Mayle n’est pas loin, l’Anglais qui se fit connaître avec « Une année en Provence », livre à succès. Peter avait des anecdotes à propos des « étrangers » qui s’installent pour quelques années en Provence et les populations locales qui assurent le service. Il avait notamment écrit que lorsqu’un entrepreneur, maçon ou menuisier, vous dit que « normalement » le chantier sera terminé pour « telle date », c’est que lui-même en doute déjà.
A Bonnieux, il a dû y avoir des situations de ce genre. Mais les amateurs de jardins lorsqu’on mentionne Bonnieux devant eux finissent la phrase par une formule magique : « Ah oui ! « La Louve de Nicole de Vésian ». Femme exquise et talentueuse, Nicole de Vésian, décédée en 1997, après avoir fait les beaux jours d’Hermès, avait acquis une petite maison de village en 1986 sur un escarpement desservi par un chemin plutôt qu’une route (le chemin de Saint Gervais). Pharmacie et coeur de village sont à moins de 500 mètres et pourtant à La Louve on tourne le dos à la civilisation, orientée sans vis à vis vers une forêt de l’autre côté du vallon. Ceux qui ont vu un des multiples reportages publiés sur le jardin de Nicole de Vésian savent de quoi on parle. Sylvie Verger en avait lu assez pour devenir une « accro ». Comment faire un jardin dans une zone pierreuse comme la colline de Bonnieux, à flanc de calcaire ? Sylvie habitait la Normandie à cette époque et devait s’entendre avec vents et marais. L’heure de la retraite de son mari Pascal et de la sienne venues, on déménage avec l’idée de se rapprocher du Midi. Entretemps Judith Pillsbury, qui avait acheté La Louve pour son jardin de romarin, buis, germandrée, lavande, continus et toutes sortes de petits arbustes qui pouvaient supporter la taille sans se plaindre, avait décidé de se séparer du joyau. Affaire réglée en un instant l’année dernière, joie de Judith de savoir que son jardin ne sombrerait pas et larmes d’émotion de Sylvie qui jamais n’aurait pu imaginer qu’un jour elle serait la jardinière à temps plein de La Louve, propriété qui depuis quelques années, elle aussi, était honorée de la mention « Jardin Remarquable ».
A ce titre, la visite est possible sur rendez-vous, mais personne invalide s’abstenir en raison des nombreux escaliers de rocailles étroits qui ponctuent les différents étages de l’oeuvre d’art.
Suite avec Harmas de Jean-Henri Fabre à Sérignan du Comtat et Couleur Garance à Lauris. Le premier est un musée de plein air pour toutes les espèces végétales de cette partie de la Méditerranée que le célèbre naturaliste Fabre étudia sa vie durant (1823-1915) et des collections d’insectes dans la maison qu’il rassembla avec ferveur.
Sa réputation est aussi le fait de ses nombreux écrits devenus célèbres et traduits en plusieurs langues. Le second est un jardin très récent dû à l’initiative de Michel Garcia et géré sur le mode associatif avec adhésion et protection des pouvoirs publics. Objet du jardin : rassembler en un seul lieu (centre ville de Lauris), sur un site largement ouvert sur la vallée de la Durance, un maximum d’espèces végétales qui ont joué un rôle petit ou grand (la garance n’est pas des moindres) dans l’étude et la fabrication des teintures depuis les périodes les plus anciennes. Ces deux jardins disposent de sites internet qui détaillent leur mission. Et dans les deux cas les écoles ciblent l’enseignement des sciences naturelles.
www.provenceguide.com
http://www.guilles.com
http://chambres-hotes.provence.couleurlavande.com
http://www.pavillondegalon.com
http://www.val-joanis.com
La Louve, Chemin Saint Gervais, 84480 Bonnieux
http://www.mnhn.fr/fr/visitez/lieux/harmas-fabre
http://www.couleur-garance.com
Georges Lévêque le 8 juin 2015