Un moment de bonheur à Chanteloup

Balade aoûtienne à Chanteloup par un photographe jardinier, Georges Lévêque, qui évoque ici avec passion la beauté du lieu.

Par une belle journée d’été, on peut inscrire à son programme la découverte de la Pagode de Chanteloup. Même par un temps de forte chaleur, aucun risque ! La douceur reste de mise tant les sous-bois du parc sont efficaces. La pièce d’eau également. Rien qu’à voir ce vaste espace aquatique, on se sent déjà mieux. On peut même canoter. Le conseil est simple à suivre : s’allonger sur l’herbe sèche et somnoler en paix. Alors, dans un demi-sommeil, les paupières s’entrouvrent par moment et un spectacle grandiose s’offre à la vue. La « Pagode chinoise » dresse ses 44 mètres étagés sur sept niveaux. Singulière construction dont l’histoire s’associe à celle de son créateur le duc de Choiseul, homme d’importance et un temps ministre de Louis XV.

 

Vue sur une partie de la colonne

Vue sur une partie de la colonne

 

La Pagode de Chanteloup, on la trouve à deux pas d’Amboise, sur la route de Bléré. Cette belle Loire qui collectionne les demeures historiques propose une somme incroyable de réjouissances architecturales. Dans les grands jardins du XVIIIème, il était fréquent de construire des monuments pour fêter ou commémorer des faits, des gens ou des mythes du temps passé. Les mots « fabriques » et « folies » les désignaient la plupart du temps. Celle-ci nommée « Folie du duc de Choiseul » ou encore « Monument dédié à l’Amitié » est une construction de 1775, après l’exil du duc de Choiseul de la cour du roi Louis XV, en hommage à tous ses amis qui lui ont témoigné leur fidélité.
Une bien belle architecture

Une bien belle architecture

Le château et ses jardins classiques, disparus de nos jours, sont antérieurs d’environ 40 ans à l’achat de la propriété par Choiseul en 1761. L’architecte Louis-Denis Le Camus est aussitôt chargé « d’embellissements pour faire comme à Versailles » : petit parc et grand parc, étang, canal, jardin des orangers. Rien que le petit parc occupe cent hectares. Pour alimenter les nombreux jets d’eau et le grand bassin en demi-lune, de considérables travaux sont mis en oeuvre.
Le plan d'eau

Le plan d’eau

Vers 1770, Choiseul entreprend de prolonger la pièce d’eau par un Grand Canal, long de 600 mètres et large de 100. Ailleurs, il transforme le jardin boisé en jardin pittoresque, dans le style appelé « anglo-chinois » où serpente une rivière dont les eaux se déversent d’une hauteur de 4 mètres par un gracieux nymphée alimentant le rond d’eau central du jardin des orangers. Cédant au goût de l’époque pour la Chine, Choiseul commande à Le Camus la refonte des jardins. Les bassins rectilignes sont détruits et remplacés par une rivière aux méandres fantaisistes serpentant à travers rocailles, ponts et cascades. Les allées aux formes droites sont remplacées par des sentiers sinueux qui visitent fabriques, glacière et kiosque. Il conclut son oeuvre en faisant édifier en 1775 une chinoiserie « la fameuse pagode » que Le Camus construit dans le plus pur style Louis XVI.
Le jardin Fû Xi ( personnage de la mythologie chinoise)

Le jardin Fu Xi ( personnage de la mythologie chinoise)

Après le décès du duc en 1785, la propriété passe dans différentes mains jusqu’à ce que la famille André veille sur le site de Chanteloup, soutenue par l’Association des Amis de Chanteloup. Thierry André, l’actuel gestionnaire, s’est amusé il y a moins de dix ans à aménager un jardin d’inspiration orientale « le Petit Jardin de Fu Xi » qui vaut le détour. Détour qui n’est pas contraignant tant cette oeuvre est charmante et bien placée près des aires de repos, jeux et de restauration.
Une promenade reposante avec quelques bancs dans le jardin Fû Xi

Une promenade reposante avec quelques bancs dans le jardin Fu Xi

 

Car à Chanteloup, on peut pique-niquer. Tables et chaises sont à disposition. Et si l’on a oublié d’apporter son panier repas, la boutique en propose un rempli de choses simples et bonnes. Aliments, petit flacon de vin, glace, café pour 15,50 euros. Quant aux jeux proposés, ils sont bien anciens aussi. Les jeunes d’aujourd’hui rodés aux consoles numériques découvrent avec émerveillement les jouets de bois en partie usés par le temps qui ont distrait les enfants d’hier.
texte et photos de Georges Lévêque
 
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