Saga Grand Marnier

orange

Belle histoire d’amour sur fond de cognac et d’orange amère que celle de Grand Marnier. L’idylle débute en 1827 avec Jean Baptiste Lapostolle qui crée à Neauphle le Château, dans les Yvelines, une distillerie de liqueurs de fruits. Un demi siècle plus tard environ, sa petite fille épouse Louis Alexandre Marnier. Celui-ci, jeune et fin gourmet avisé, découvre en 1870 l’univers des distillateurs et des caves lors d’un voyage dans la région de Cognac. Initié aux dégustations, il s’enthousiasme pour le cognac et ses qualités. Et se lance, à son retour, dans des expérimentations au sein du laboratoire de la distillerie.

L’association orange amère et Cognac

 

Son idée était de mélanger le Cognac à de l’orange. Pas n’importe quelle orange, une variété un peu amère venue des Caraïbes, la citrus bigaradia. De nos jours, grâce à Louis Alexandre, le Cognac et l’orange semblent naturellement assortis, mais à l’époque, marier la saveur d’un fruit aussi exotique et coûteux à un alcool au goût puissant était aussi audacieux qu’avant-gardiste. Rare et luxueuse, l’orange à l’époque n’était dégustée qu’à l’époque des fêtes de fin d’année. Après dix ans d’expérimentations et de dégustations selon la maturation des différentes cuvées, il a créé en 1880 une liqueur à la saveur douce amère dont l’équilibre atteignait la perfection. Le premier nom donné à la liqueur fut « Curaçao Marnier ».

Louis-Alexandre entreprit de la faire connaître lui-même, en France comme à l’étranger. César Ritz, premier directeur de l’hôtel Savoy de Londres et ami très influent de Louis Alexandre, l’a soutenu lors de l’introduction de sa liqueur au Savoy, où sa popularité fut immédiate.

C’est César Ritz qui a inspiré l’origine du nom historique des liqueurs. À l’époque, la tendance à Paris voulait que tout soit « petit » : le journal du coin était le « Petit Parisien », on s’en allait en promenade avec sa « petite amie » (au sens originel du terme) et ainsi de suite. César Ritz a suggéré à Louis Alexandre d’aller à contre-courant en renommant sa liqueur « Grand Marnier », lui associant ainsi les idées de grandeur et un quasi statut de noblesse. L’idée lui est venue de la vie en Angleterre. Lorsqu’on demandait à l’époque à quelqu’un « How are you doing? » (Comment allez-vous ?) et que cette personne répondait « I’m grand », cela signifiait qu’elle était de particulièrement bonne humeur. Dans l’esprit de Ritz, si c’est « grand », c’est qu’il n’y a rien de meilleur.

Le Grand Marnier Cordon Jaune est plutôt utilisé dans les breuvages mélangés et en cuisine.

Le Grand Marnier Cordon Jaune est plutôt utilisé dans les breuvages mélangés et en cuisine.

Très vite la liqueur devient la boisson « in » d’une clientèle internationale et aristocratique. L’empereur François-Joseph d’Autriche en aurait commandé 12 caisses après en avoir  bu  au grand hôtel de Monte Carlo. La fine liqueur est servie à la fin des repas sur les transatlantiques de la White Star Line, dont le fameux Titanic faisait partie. Au début du XX ème siècle, le grand cuisinier Escoffier vulgarise ou plutôt rend populaire et accessible au plus grand nombre la liqueur par ses recettes de crêpes Suzette et de soufflé au Grand Marnier.

Avec un si « grand » nom, il fallait une bouteille à la hauteur. Louis Alexandre s’est inspiré de la forme des alambics de Charente servant à fabriquer le Cognac, clef de la saveur de la liqueur Grand Marnier. Le flacon tout en courbes qu’il a conçu reste reconnaissable aujourd’hui. En effet, il n’a pratiquement pas changé.

La famille Marnier-Lapostolle possédait désormais la « sainte trinité » : une liqueur, un flacon et un nom, tous les trois aussi majestueux les uns que les autres, une association à laquelle peu parviennent, encore de nos jours. Ils savaient qu’ils possédaient un produit plus que respectable comme l’ont confirmé plusieurs médailles, notamment celles des Expositions universelles de Paris en 1889 et 1900. Ils ont donc décidé de le faire connaître dans le monde entier. Ils ont mis fin à la production de leurs autres liqueurs afin de concentrer leurs efforts sur le Grand Manier. Les grandes villes européennes et américaines furent vite conquises. En 1960, Grand Manier était disponible dans plus de 150 pays dans le monde.

Edition limitée avec Paris pour vedette dans le Grand Marnier blue

Edition limitée avec Paris pour vedette dans le Grand Marnier blue

 

Aujourd’hui, les règlementations en matière d’exploitation devenant très contraignantes et le process de fabrication jugé dangereux en milieu urbain, la distillerie de Neauphle le Château a été transférée en 2012 à Bourg Charente où se trouvaient déjà les chais de Cognac de la société. Le traitement des oranges est réalisé en Charente et l’élaboration finale de la liqueur à Gaillon dans l’Eure.

 

Une famille toujours dirigeante

La famille Marnier Lapostolle est toujours à la tête de la Société des produits Marnier Lapostolle. Le président actuel, Jacques Marnier-Lapostolle, dirige l’entreprise aux côtés de la cinquième génération des membres de la famille. Il détient quelques 15 % de la société, tandis que la sixième génération représentée par Stéphane Marnier-Lapostolle (6, 73 %) et sa sœur Alexandra de Bournet (6, 12 %) travaillent aussi dans le groupe. 

La Société des Produits Marnier Lapostolle est spécialisé dans la production et la commercialisation de spiritueux et de vins. Le chiffre d’affaires est réalisé à 88, 5 % par les
ventes de spiritueux : essentiellement liqueurs (marques Grand Marnier Cordon Rouge, Grand Marnier Cordon Jaune, Louis Alexandre, Cuvée du centenaire et Cuvée du Cent Cinquantenaire). Le groupe commercialise également une liqueur de marque Navan aux Etats-Unis et au Canada, des cognacs (marque Marnier), la liqueur de Griottes inventée en 1827 (Cherry Marnier), un pineau blanc, un armagnac (Lapostolle) et des vins de Sancerre (Château de Sancerre), des vins chiliens (marque Casa Lapostolle).

La répartition géographique du CA est la suivante : France (7%), Europe (15,4%), Etats-Unis (58,1%), Amériques (11,8%), Asie (3,8%) et autres (3,9%).

 

La Cuvée du Centenaire avec des cognacs issus de Grande et Petite Champagne

La Cuvée du Centenaire avec des cognacs issus de Grande et Petite Champagne

Plusieurs cuvées autour d’une même liqueur

Le Grand Marnier Cordon Rouge est « la » liqueur originale de 1880. Vieillie plusieurs mois en fût de chêne, elle a une couleur ambrée et or et se marie parfaitement à tous les desserts.

 Le Cordon Jaune est plutôt fabriqué à partir d’alcool de grain que de Cognac associé à la bigarade, l’orange douce et d’autres ingrédients parfumés.

 La Cuvée du Centenaire définit les cognacs par leurs régions de production, Grande et Petite Champagne. Le mélange mûrit au minimum 1 an en fûts de chêne.

 La Cuvée Spéciale Cent Cinquantenaire est un assemblage d’orange exotique et cognacs Grande Champagne maturé 3 ans en fûts de chêne.

 La Cuvée Louis Alexandre Marnier Lapostolle est un mélange spécial de cognacs provenant des meilleurs crus (Grande et Petite Champagne, Borderies, Fins et Bons Bois). Il est bien sûr vieilli en fûts.

 

 

-->
Show Buttons
Hide Buttons