Qui y sent s’y Pic !

pic salle

Approche très inédite dans le nouveau restaurant parisien d’Anne Sophie Pic : la chef trois fois étoilée part du principe qu’un plat se hume, se goûte, se déguste. En conséquence, avant même de choisir votre menu, il vous faut convoquer, éveiller vos sens à l’approche gustative par un titillement olfactif. On vous présente un menu de touches à sentir (bandelettes longues de papier imprégnées de parfum) pour vivre une expérience : lors de ma venue trois parfums pour trois menus : vanille-ambré, iode-fleurs, sous bois-épices. Verdict : le concept est intéressant pour un critique gastronomique aux sens exacerbés et humer les mouillettes de parfum entend créer du buzz rédactionnel. Pour la clientèle lambda, cela est à mon avis du gadget et je ne pense pas que Monsieur ou Madame Tout Le Monde choisira ses plats selon l’odeur sentie. Anne Sophie Pic n’avait pas besoin de cet artifice là !!!

 

Fermons la parenthèse pour en venir au concret  et positiver : le repas est fabuleux et sa créativité se justifie par le seul énoncé des plats des menus. Les menus tournent autour de trois plats et un dessert avec une évolution sur les accords et une variation presque omniprésente sur la note du menu. Les produits sélectionnés sont la plupart du temps simples et le reflet de la cuisine française : carotte, betterave, lapin, citron, porc. Une pointe d’extraordinaire, d’exotisme pointe le bout de son nez dans d’autres composants : poivres asiatiques, café bourbon, vanille tahitienne, cannelle réunionnaise. La cuisine se veut complexe dans ses associations et élaborée dans ses textures variées pour un résultat gourmand. En revanche même si Anne Sophie Pic a obtenu très vite après l’ouverture du restaurant une étoile ; on n’est en rien dans la sophistication de son adresse hautement gastronomique de Valence.

 

Suprême fumé de canette navets et combawa

Suprême fumé de canette navets et combawa

Pour ma part j’ai été un mauvais élève en modifiant un des plats de mon menu Agrumes Aromatiques ; voulant tester une des spécialités maison, à savoir les berlingots fumés. Je vous livre donc mes impressions dans le désordre : des plats d’une grande finesse, d’une belle originalité, mais la désolation de devoir s’en tenir au menu strict si un des plats ne vous plaît pas. Néanmoins questionnez le serveur, demandez lui gentiment s’il peut changer un plat et il se mettra en quatre pour vous satisfaire. Retour sur ces berlingots : il s’agit de délicieux triangles à mi chemin entre le ravioli et la pâte chinoise. Fourrés de chèvre frais fumé, ils s’éparpillent sur une nage de petits pois relevés de gingembre et de citron. Délicieux, fondants, boisés fumés ; ils ont pris la place de rougets qui étaient la « grosse » note iodée de mon menu. Tant pis : je ne regrette pas mes berlingots !

Rouget de Méditerranée baies roses et citron

Rouget de Méditerranée baies roses et citron

 

L’entrée était appelée « la carotte plurielle » ou la carotte vue en différentes versions : gelée, émincée, purée, cuite, crue. Cette déclinaison flaire ce que d’autres restaurateurs appellent « la déclinaison d’un légume ». Quel que soit le nom, le plat était frais, aérien, parfumé à la fleur d’oranger et au poivre de Voatsipérifery (Madagascar).

 

Ont suivi des filets de canette légèrement fumés et proposés avec le contraste du doux suave de navets et de l’amer dynamisant du combawa (agrume japonais).

La pétillance du repas se termine par un dessert au citron de Menton, le roi des citrons que seuls les grands chefs arrivent à obtenir, car la production est insuffisante par rapport à la demande. Citron et baie de genièvre se mêlent en un blanc manger très frais.

 

Pour statufier ce repas, un décor raffiné et virginal où le blanc est à l’honneur en des tableaux immaculés avec des esquisses dessinées en relief sur des panneaux de cuir. Cette luminosité est à peine interrompue par quelques morceaux de tableaux illustres. Entre la douceur de l’éclairage, l’ambiance pure et raffinée, la salle est reposante et constitue une halte qui invite à poursuivre le voyage gustativo-sensoriel dans les autres établissements de Madame Pic, en particulier dans sa maison mère.

 

La Dame de Pic

20 rue du Louvre

75001 Paris

Tél : 01 42 60 40 40

Menu 3 plats de midi à 49 €

Menus 4 plats du soir : 79, 100, 120 €

 

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