Profondeurs Aléatoires
La galerie Prince & Princess Art Gallery expose sculptures en inclusion de résine et fixés sous verre de deux artistes contemporains, Hélène de Saint Lager et Philippe de Croix
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A Chantilly, à Longchamp, dans les gradins des champs de courses, il fut un temps où les belles disparaissaient sous ses chapeaux oniriques. Bibis et coiffes à oiseaux et plumes vertigineuses ne sont plus : après avoir chapeauté les têtes de nombreuses parisiennes, Hélène de Saint Lager a transposé son sens acquis des volumes dans la sculpture, tantôt de résine, tantôt de fonte aléatoire d’aluminium. Pour des appartements ou bureaux branchés, elle crée des meubles, des luminaires, des tapis et des sculptures totémiques et ces œuvres séduisent les grands décorateurs et architectes d’intérieur tant à Paris qu’à New York.
Dans le travail exposé, des sculptures sur tige, Hélène de Saint Lager se rapproche, peut-être inconsciemment, de la peinture. Elle « informe » la résine jusqu’à créer un tableau en trois dimensions où la matière s’évade dans la profondeur. Une sorte de « dripping all over », de jeté de matières fines où l’artiste compose avec l’aléatoire, déploie et suspend un abîme profond dans lequel l’oeil se perd.
Philippe de Croix aurait du « s’insérer dans le tissu social » comme le voulait son père mais l’appel irrésistible de l’art l’en a écarté. Très jeune, il a peint des formes figuratives où, déjà, prévalaient le souci du support, de la matière et du « process » puis, très vite, a poursuivi la même obsession picturale (celle d’une profondeur non perspectiviste), indifféremment abstraite ou figurative, à travers l’utilisation de techniques diverses allant de la peinture à la photographie, en passant par le design, la sérigraphie, l’art numérique, la vidéo.
La galerie de la rue de Grenelle expose deux séries de Philippe de Croix: des fixés sous verre intitulés « Deep Skin » et des monotypes nommés « Chutes ». Par ces œuvres, les propos de peintre sont de rendre compte de la profondeur – non par les lignes et points de fuite de la perspective – mais par un étagement tactile des plans de l’espace, par un feuilletage des plans picturaux.
Quoi de commun entre ces deux artistes ? Ils sacrifient une beauté immédiate à une beauté plus complexe. L’un à travers un volume, une transparence véritablement matériels, l’autre à partir d’une surface à laquelle il donne une ‘microprofondeur’ purement optique.
Prince & Princess Art Gallery
96 rue de Grenelle
75007 Paris
France
à compter du 7 octobre 2015 du mardi au samedi de 14 à 19 h