Le Musée de l’Abbaye à Saint Claude
Dans le Jura, un lieu fort bien rénové récemment pour des expos permanentes et temporaires.
Couvent, puis palais abbatial, le musée de l’Abbaye est situé juste à côté de la cathédrale de Saint-Claude. Son sous-sol est le dernier témoin d’une époque où Saint-Claude était un lieu de convergence pour les pèlerins. De cette époque, il ne reste qu’un cloître tout en longueur, unique en son genre. L’architecte Adelfo Scaranello s’est inspiré de cette particularité pour concevoir l’agencement du musée. Il a transformé de fond en comble un bâtiment essentiellement XVIIIe, somme toute assez banal, en un édifice audacieux qui intègre le passé. Sur la façade sud, des coursives suivent, à chaque étage, le tracé du cloître. Cette façade aux longues baies vitrées fait face à la montagne, la Bienne déroulant ses méandres au fond de la vallée. Le visiteur est à la fois dedans et dehors.
La visite du musée peut se faire en trois temps. Au sous-sol, se visite ce cloître inédit, des vestiges archéologiques et des fresques en cours de restauration du Moyen-âge.
Au rez-de-chaussée, une exposition temporaire, les étages supérieurs étant occupés par les donations Guy Bardone et René Genis. Ce legs constitue le fonds du musée. Guy Bardone, originaire de Saint-Claude, et René Genis étaient artistes-peintres et collectionneurs. Outre leurs propres œuvres, ils ont offert à Saint-Claude des tableaux, dessins et gravures qui offrent un panorama assez complet des différents courants post-impressionnistes. On peut y voir des toiles de Pierre Bonnard, Paul Sérusier, Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Félix Valloton, artistes ayant participé au mouvement Nabi, Raoul Dufy, les post-cubistes, la première école de Paris.
La muséographie y est très intéressante. Les murs ont été voulus d’un blanc immaculé ; et tous les tableaux ont été encadrés de façon identique, sobrement en bois brut. C’est là un parti pris de neutralité pour laisser toutes leurs chances aux œuvres dans leur dialogue avec le visiteur. Les salles sont intimes, l’accrochage original, faisant foin de la symétrie, et la progression dans le musée est simple.
Pour finir la visite, il faut voir impérativement l’exposition temporaire qui est au rez-de-chaussée. Celle-ci permet de découvrir un peintre méconnu du grand public, Jacques Truphémus, né à Grenoble en 1922, vivant à Lyon. Intitulée « Tous les blancs possibles », l’exposition présente un large panorama du travail du peintre. Là où d’autres cherchent les noirs au travers de l’abstraction, l’artiste lyonnais est à la quête des blancs au moyen du figuratif ; la carnation laiteuse d’un visage, un mur blanchi par et sous le soleil des Cévennes, où il passe les mois d’été, s’illuminent par contraste avec la nature toujours proche et luxuriante.
Charmant et moderne, à des années lumière de l’image poussiéreuse que l’on peut se faire du musée de province ; ce musée participe au dynamisme et au renouveau des musées régionaux qui maillent la France, témoins de la richesse et de la diversité culturelle des territoires.
3 place de l’Abbaye – 39200 Saint-Claude
Tél.:03 84 38 12 60
photos du comité régional du tourisme de Franche Comté
Texte de Marie Catherine Chevrier