Le Monastère Royal de Brou
A Bourg en Bresse dans l’Ain, une des perles architecturales et spirituelles du département.
Promeneurs en quête de vraies émotions culturelles, Bourg-en-Bresse attend votre visite. Il faut aller à la rencontre du Monastère royal de Brou et de son église, deux ouvrages édifiés dans la première moitié du XVIème siècle. L’ensemble qu’ils composent mériterait 3 étoiles s’il en allait de l’architecture religieuse comme de la classification des tables d’exception. Beauté, richesse, intérêt de l’ouvrage accompli justifient la réputation de l’ensemble.
Marguerite d’Autriche passionnée
On découvre dans le même temps la volonté et la ténacité de l’éminente personnalité qui est à la tête du projet : Marguerite d’Autriche (1480-1530). La détermination dont elle fait preuve dans tous les événements de sa courte vie est sans doute puisée dans ses gènes et son éducation. N’est-elle pas fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg et petite-fille du dernier grand duc de Bourgogne, Charles de Téméraire !
Vie intense pour cette jeune fille qui commence par un mariage à l’âge de trois ans avec le roi de France Charles VIII. Pour des raisons politiques elle est répudiée huit ans plus tard puisque le roi épouse Anne de Bretagne. A l’âge de 17 ans, elle part pour l’Espagne et se marie à l’Infant don Juan qui meurt sept mois plus tard. En 1501, à 21 ans, mariage avec Philibert le Beau, duc de Savoie. Mort de ce dernier en 1504. Il est rapporté dans les ouvrages d’histoire que ces trois années furent la période la plus heureuse de la vie de Marguerite d’Autriche.
Elle fait appel aux meilleurs artistes de son temps
Alors, en pleine campagne, elle décide de reconstruire majestueusement près de Bourg-en-Bresse un petit prieuré bénédictin abandonné. Jean Lemaire, poète et chroniqueur de l’époque, proche des souverains écrit ainsi « En preuve de l’amour qu’elle portoit au prince défunct ….. elle a délibéré d’honorer le lieu où le corps de son feu seigneur est inhumé et d’y élever un édifice grand et somptueux, là où perpétuellement seront establis gens de religion, qui prieront Dieu pour le salut de l’âme du défunct, et sera enrichie sa sépulture d’une oeuvre mémorable ». Ce qui fut fait puisque, depuis Malines en Belgique où ses affaires l’avaient conduite, elle dirigea le grand chantier de 1505 à son décès en y envoyant les meilleures maîtres d’oeuvre et artistes.
C’est une église flamande que Marguerite d’Autriche veut avoir car la plupart des artistes dépêchés à Brou viennent du brillant foyer artistique que constituent les Pays-Bas. Elle fait appel aux meilleurs peintres pour dessiner « les patrons et pourtraits » qui traduiront son ambition. Elle nomme un maçon réputé, Loys Van Boghem pour diriger la construction. C’est le sculpteur Conrad Meyt, pensionné à sa cour et dont elle possède plusieurs oeuvres, qui est requis pour l’exécution des cinq grands gisants qui font le spectacle encore aujourd’hui. De Bruxelles, elle fait envoyer les cartons peints des vitraux aux maîtres verriers lyonnais qui travaillent à Brou.
Au fil des siècles
Comme pour beaucoup d’autres lieux de culte, l’époque de la Révolution française et le XIXème siècle seront durs à passer. Jusqu’à ce que la ville de Bourg-en-Bresse négocie l’achat d’une partie du couvent attenant et y installe son musée en 1922. L’église désaffectée est ouverte à la visite. Du parvis de l’église, on distingue aujourd’hui une toiture imposante de tuiles vernissées de quatre couleurs disposées en losange, façon Hospices de Beaune. Après une première résurrection de la toiture au XVIIIème siècle, une reconstruction à l’identique, charpente et couverture, entre 1996 et 1999, a redonné au monument son caractère précieux d’origine.
63 Boulevard de Brou
01 000 Bourg en Bresse
Texte et photos de Georges Lévêque