Jean-Claude Ellena et quelques jus masculins épicés

Le livre du nez Jean-Claude Ellena me fait rebondir sur les derniers jus masculins qui m’ont séduite et l’ouverture du Printemps de la Beauté, un vrai havre pour les sens.

Un livre : L’écrivain d’odeurs de JC Ellena

Jean-Claude Ellena est un grand nez, un très grand nez qui a marqué toute une époque. A travers ce livre autobiographique, on se rend compte qu’il est non seulement parfumeur mais aussi écrivain, un artiste artisan donc à part entière.

Avec justesse et humilité J.C. Ellena raconte son parcours, sa vie semée de succès commerciaux : First de Van Cleef & Arpels, Déclaration de Cartier, Eau de Campagne de Sisley, Eau Parfumée au Thé Vert de Bulgari, L’Eau d’Hiver pour Frédéric Malle, Bois d’iris pour The Different Company avant les belles réussites de Terre d’Hermès et Jardin en Méditerranée pour Hermès.

Mais si les pages se feuillètent comme un voyage autour de l’olfactif, le livre est surtout une interrogation : que signifie ‘être parfumeur’ ? C’est être à 100 % un créateur d’émotions. Mais Jean-Claude Ellena – avec peut-être une pointe de tristesse – constate que le microcosme de la parfumerie n’est plus celui des années 70. Aujourd’hui le parfum s’est banalisé et sous la pression américaine il est devenu un produit banal de consommation défini par le marketing et prisonnier de ce marketing. La créativité est bridée, de nouvelles voies olfactives doivent s’ouvrir avec une composition amoindrie en notes, des matières interdites d’utilisation.

La couverture du livre de Jean-Claude Ellena

Ce nez a grandement raison : il faut aujourd’hui répondre au plus grand nombre, satisfaire une offre spécifique de jeunes ados, d’hommes trentenaires citadins ou de femmes mûres. Le ‘briefing’ (mot jamais employé par Ellena) des grands groupes type Coty, L’Oreal, Interparfums, LVMH est maître d’œuvre de nos jours et ainsi s’envole une certaine liberté olfactive.

Heureusement est née une parfumerie de niche (néanmoins assez axée sur le marché oriental) ; heureusement quelques maisons s’offrent encore le luxe d’un nez exclusif ; heureusement quelques parfumeurs préservent ou reprennent leur liberté (Jean-Michel Duriez) mais pour combien de temps ? (Maison Francis Kurkdjian vient d’intégrer le portefeuille de marques de LVMH).

Jean-Claude Ellena a quitté Hermès en laissant sa place à un autre grand nez, Christine Nagel. La célèbre maroquinerie du faubourg St Honoré a donc de beaux jours olfactifs devant elle avec une jeune femme aux talents immenses.

L’Ecrivain d’Odeurs de Jean-Claude Ellena

Nez / Le Contrepoint

17 €, sortie le 5 octobre 2017

3 jus masculins : L’Homme Lacoste, Café Tuberosa d’Atelier Cologne et Mortel de Trudon

La rentrée olfactive masculine est sous le signe de la force, de la vraie masculinité avec des épices qui jettent au visage leur puissance.

L’Homme Lacoste ou l’élégance de la marque au crocodile

En témoigne L’Homme Lacoste, une odeur qui célèbre l’élégance de l’emblématique marque au crocodile. La fragrance colle à l’héritage de René Lacoste, une liberté sans convention. D’où un jus fort, audacieux avec des notes peu courantes de coing et de rhubarbe en tête ; mais surtout une overdose d’épices (poivre, gingembre, amande) à peine adoucie par la sensualité des bois, des muscs et de la vanille.

L’Homme Lacoste, 100 ml, 73 €.

Café Tuberosa d’Atelier Cologne

Atelier Cologne se définit comme une maison qui entend réinventer la Cologne ; mais au delà de cette fraction olfactive, Atelier Cologne crée aussi via sa Collection Avant-Garde des parfums plus imposants qui réinterprètent certaines odeurs et essences mythiques du monde du parfum.

Café Tuberosa revisite donc la tubéreuse ; mais ce n’est pas tant la fleur qui explose que les épices qui l’accompagnent. Néanmoins mixte, Café Tuberosa conviendra plus à un homme qu’à une femme ; car l’accord café & cacao est très puissant et épicé. Il en devient même capiteux tout comme peut l’être la tubéreuse et la concentration du jus à 18 % témoigne de sa force toute virile.

Café Tuberosa, 100 ml, 125 €.

On connaissait la Maison Trudon comme cirier via ses bougies aux senteurs très marquées et empreintes d’une certaine spiritualité. Aujourd’hui la marque s’affranchit de l’empreinte ‘cire’ et se lance sur le parfum de peau.

Mortel, un des 5 jus de La Maison Trudon

Même s’il se veut mixte, Mortel est à mon sens résolument masculin avec une présence certes mystique, mais surtout une overdose d’épices. Poivre noir, piment, muscade en tête ; encens somalien en cœur ; ciste, myrrhe et benjoin en fond : autant d’épices qui se trouve dans la composition de A à Z du jus.

100 ml, 180 € ; www.ciretrudon.com + 2 boutiques à Paris, Le Bon Marché et le Printemps.

Un nouveau lieu dédié au parfum : Le Printemps

3 000 m2 sur 3 étages consacrés à la beauté : Le Printemps s’est offert un superbe check-in. Déco cosy et florale, lumière omniprésente, espaces de circulation, mobilier boisé et fauteuils en velours : tout est fait pour cocooner le client et lui offrir une parenthèse de bien-être. Au 1 er étage règnent les odeurs avec bar à parfums, Scent Room pour les marques de niche, corner dédié aux jeunes maisons en devenir…

Le nouveau Printemps de la Beauté vue par M Bougot

 

 

 

 

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