Helena Almeida au Jeu de Paume

Rétrospective de l’artiste portugaise née en 1934, peu connue en France, qui a placé le corps au cœur de son œuvre.

 

Un conseil pour la visite : essayez d’arriver tôt (ou d’être le dernier en fin de journée) afin de vous retrouver en tête-à-tête avec les éblouissantes photographies des deux salles à gauche, en haut de l’escalier. C’est ce qui m’est arrivé lors du vernissage.

Un corps toujours en mouvement

Un corps toujours en mouvement

 

Aux murs, des œuvres grand format en noir et blanc représentant l’artiste elle-même issues des séries « Seduzir » (Séduire, 2001-2002) et « Dentro de mim » (À l’intérieur de moi, 1998). Le corps d’une femme dont on ne voit pas le visage (ou peu), vêtue d’une robe noire, tantôt en train de danser, tantôt allongée. Le corps en mouvement évoque la danse contemporaine, notamment celle de De Keersmaeker. Preuve en est la vidéo que j’ai découverte ensuite de la performance de l’artiste. Mais pourquoi ce corps, même immobile, fascine-t-il autant ? En partie à cause du fait que la série « Dentro de mim » est présentée avec 18 éléments, démultipliant d’autant ce corps ; en partie à cause de leur beauté mystérieuse.

 

 

Poursuite de la visite avec un retour quelques décennies plus tôt : à la fin des années 60, Helena Almeida a la trentaine. Comme d’autres artistes de sa génération, notamment ceux étiquetés « Supports/Surfaces », elle souhaite s’affranchir de la toile et du châssis. « Sem título » (Sans titre) de 1969, qui représente une toile glissant de son châssis, a le mérite de rappeler que les artistes se nourrissent réciproquement des recherches de leurs pairs.

 

La suite est plus singulière. À partir de 1975, Helena Almeida fusionne trois disciplines : photographie, peinture et dessin. Elle utilise sur ses photographies noir et blanc de la peinture bleue, rouge, de l’encre de Chine, mais aussi du fil de crin, produisant dans ce dernier cas des œuvres en trois dimensions qui débordent de leur support, comme pour mieux nous atteindre.

Le corps – son corps – est omniprésent, un corps en mouvement, créateur, mais l’artiste est davantage dans la performance que dans l’autoportrait. À parcourir les salles, on est fasciné par les qualités esthétiques de son œuvre, mais également par la liberté de cette plasticienne pour qui l’art est un champ d’expérimentations et doit s’affranchir des carcans.

Helena Almeida – Corpus, du 9 février au 22 mai 2016

Jeu de Paume – Paris

Plus d’infos : http://www.jeudepaume.org 

Texte : Sandrine D.

Visuels fournis par le Jeu de Paume (de haut en bas) :

14 • Helena Almeida, Pintura habitada [Peinture habitée],

1976, Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm,

Coll. Fernando d’Almeida

Photo Filipe Braga c Fundacao de Serralves, Porto

8 • Helena Almeida, Seduzir [Séduire], 2002

Photographie noir et blanc (2 elements), 187 × 125 cm (chaque), Coll. Helga de Alvear, Madrid/Caceres

Photo Laura Castro Caldas and Paulo Cintra, courtesy Galeria Helga de Alvear, Madrid/Caceres

11 • Helena Almeida, Seduzir [Séduire], 2001

Photographie noir et blanc (4 elements), 105 × 72 cm (chaque), Coll. Helga de Alvear, Madrid/Caceres

Photo Filipe Braga c Fundacao de Serralves, Porto

13 • Helena Almeida, Seduzir [Séduire], 2002

Photographie noir et blanc, acrylique, 199 × 129,5 cm

Coll. CAM – Fundacao Calouste Gulbenkian, Lisbonne

Photo Jose Manuel Costa Alves, courtesy CAM – Fundacao

Calouste Gulbenkian, Lisbonne

7 • Helena Almeida, Saída negra [Sortie noire], 1995

Photographie noir et blanc (5 elements), 71 × 48 cm (chaque), Coll. Norlinda and Jose Lima, long-term loan to Nucleo de Arte da Oliva Creative

Factory, S. Joao da Madeira

Photo Anibal Lemos, courtesy Nucleo de Arte da Oliva Creative Factory, S. Joao da Madeira

3 • Helena Almeida, Pintura habitada [Peinture habitée]

  1. Acrylique sur photographie, 41 x 47 cm

Coll. Americo Marques, Cascais

Photo Filipe Braga c Fundacao de Serralves, Porto

 

 

 

 

 

 

 

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