« Gustave Moreau-Georges Rouault. Souvenirs d’atelier »

La maison-musée pensée par le peintre Gustave Moreau propose une exposition qui fait dialoguer les œuvres du maître symboliste avec celles d’un de ses élèves et admirateurs.

 

Pousser la porte du 14, rue de La Rochefoucauld, dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, c’est plonger dans l’esthétique du 19e siècle. La demeure familiale de Gustave Moreau (1826-1898) a été aménagée en musée à la fin de sa vie afin d’y conserver près de 25 000 œuvres, dont plus de 15 000 de sa main.

Georges Rouault Nu aux jarretières rouges

Georges Rouault « Nu aux jarretières rouges »

 

Le musée, ouvert en 1903, a conservé son aménagement jusqu’à aujourd’hui. Le rez-de-chaussée ainsi que les grands ateliers des deuxième et troisième étages, reliés par un élégant escalier à spirale, sont ornés de tableaux jusqu’au plafond.

L’appartement du premier étage, décoré de portraits de famille et d’œuvres offertes par ses amis, révèle une atmosphère intime. Curiosité : un boudoir chargé en souvenirs que Gustave Moreau avait dédié à sa « meilleure et unique amie » défunte.

Femmes au calvaire

« Saintes Femmes au calvaire » de Georges Rouault

 

« Regardez la nature et les maîtres anciens ; eux seuls vous feront accoucher. » (Gustave Moreau à Georges Rouault)

 

L’intérêt de l’exposition – modeste en termes du nombre d’œuvres présentées – est de nous faire connaître le lien singulier qui unissait Gustave Moreau et Georges Rouault. Enseignant à l’École des beaux-arts de Paris, Gustave Moreau est le professeur de Georges Rouault. 45 ans séparent les deux hommes. Le second deviendra le fils spirituel du premier.

Gustave Moreau "La Parque et l'ange de la mort"

Gustave Moreau « La Parque et l’ange de la mort »

 

Réunies autour de thèmes communs, les oeuvres sélectionnées donnent à voir la parenté entre les deux œuvres. Il y a d’abord une palette commune, sombre. Les deux hommes partagent il est vrai une admiration pour Rembrandt. Cette similitude est particulièrement frappante concernant les paysages.

 

Rouault hérite également de son maître un goût prononcé pour la matière. Il travaille sa toile, en accumulant les couches picturales.

 

Les sujets d’ordre sacré réunissent aussi les deux hommes. Mais, à vrai dire, chez Rouault, le sacré est partout présent, même dans ses sujets profanes, que certains qualifieraient de triviaux. En témoin chrétien, l’artiste porte ainsi sur les prostituées qu’il peint un regard plein de compassion.

 

En 1902, Rouault est nommé conservateur du musée Gustave Moreau. Fidèle à son maître décédé en 1898, il lui dédiera, 50 ans après sa mort, « Miserere », qu’il considérait comme son œuvre la plus importante.

 

« Gustave Moreau – Georges Rouault. Souvenirs d’atelier » – du 27 janvier au 25 avril 2016

Musée Gustave Moreau– Paris

Plus d’infos : http://musee-moreau.fr

 

Texte de Sandrine D.

 

Légendes des photos jointes au texte :

 

 

Georges Rouault, Saintes Femmes au Calvaire, vers 1940,
huile, gouache sur papier marouflé sur panneau marqueté,
34 x 22,9 cm, Collection particulière © JL Losi © ADAGP Paris
2015

"Le Christ mort et pleuré" de Georges Rouault

« Le Christ mort et pleuré » de Georges Rouault

Georges Rouault, Fille dit aussi nu aux jarretières rouges, 1906,
aquarelle, pastel sur papier, 71 x 55 cm, Paris, Musée d’art
moderne de la Ville de Paris, AMD143, legs Girardin 1953 ©
Musée d’Art Moderne/Roger-Viollet © ADAGP Paris 2015

Gustave Moreau, La Parque et l’Ange de la mort,
vers 1890, huile sur toile, 110 x 67 cm, Paris, musée
Gustave Moreau, Cat. 84 © RMN-Grand
Palais/René-Gabriel Ojéda

Éliza de Romilly, Portrait de Gustave Moreau assis dans un

fauteuil en bambou, photographie, 8,4 x 5,6 cm, Paris, musée
Gustave Moreau Inv. 16056 © RMN-Grand Palais/René-
Gabriel Ojéda

 

Georges Rouault, Le Christ mort pleuré par les saintes femmes,
1895-1897, fusain, pierre noire, rehauts de craie blanche sur
papier vergé marouflé sur toile, 112 x 143 cm, Paris, Fondation
Rouault
© JL Losi © ADAGP Paris 2015

 

 

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