Corindons et spinelles
Frédérique Davezac, gemmologue et courtier en pierres fines, nous livre en vrac quelques explications sur les corindons et les spinelles.
Le rubis rouge – la variété colorée du corindon dont fait partie le saphir bleu – et le spinelle sont deux pierres qui ont été convoitées et appréciées en tant que gemmes depuis la nuit des temps.
Confusion entre les pierres depuis toujours
La confusion entre ces deux pierres persista pendant des siècles.
Elles ont de fortes similitudes et le spinelle a été considéré comme une variété du rubis.
Ces deux pierres sont « dopées » au chrome ; ce qui leur donne leur colori rouge très pur.
Les régions de gisements
Le spinelle cohabite avec le rubis et le saphir dans les gisements alluvionnaires principalement à Myanmar dans la région de Mogok et au sud-ouest du Sri Lanka. On évoque ces vallées en disant qu’autrefois on y « récoltait plus de rubis que de grains de riz ».
Mais ces pierres sont aussi exploitées au Pakistan dans les marbres métamorphiques et dans les célèbres gisements d’Afghanistan. La province de Badahkchan ou Badakshan est citée par certains auteurs comme une région des mines de rubis, spinelles et grenats.
Les hommes ignorant les propriétés physiques et chimiques des pierres précieuses et fines, elles étaient par les plus anciens simplement réparties selon leur coloration en tenant compte de certaines de leurs propriétés.
Certains rubis pouvaient être des grenats ou des spinelles. Pourtant ils avaient des appellations pour chaque gemme : le rubis était escarboucle, le spinelle était rubis balais, le saphir jaune et bleu hyacinthus.
Des pierres déjà décrites par les Anciens
Pline dans son dernier volume d’histoire naturelle traite du rubis sous le nom de « carbunculus », la pierre la plus estimée, qu’il divise en deux catégories en fonction de sa brillance entre pierre mâle et pierre femelle. Une opposition entre deux pierres rouges mais qui n’ont pas le même feu.
Dans l’antiquité romaine, elles évoquent le sang, le feu, le courage, la passion, symbole d’ardeur guerrière. De plus, elles protègent contre les blessures et les hémorragies.
Paradoxalement le spinelle orne de nombreux bijoux royaux. Le plus célèbre « le rubis du Prince Noir » de 170 carats a été la propriété du roi Maure de Grenade au XIV siècle et se trouve aujourd’hui exposé à la Tour de Londres où il orne la couronne britannique en compagnie du Cullinan II, sublime brillant de 317 carats.
Le trésor d’Iran possède de sublimes spinelles par centaines, les plus importants sont de 500 carats. Il est également riche de rubis de grandes dimensions qui proviennent du pillage de Delhi en 1739 et de la récupération par Nâdir Châh, « gouverneur » et fondateur de la dynastie de Afsharides, d’une partie des bijoux emportés en Inde.
On trouve encore des pierres spectaculaires
En 1990 un rubis de 504 carats fut trouvé près de Mogok ; les mineurs tentèrent de la vendre en Thaïlande mais ils furent arrêtés à la frontière par le gouvernement birman qui confisqua la pierre déclarée trésor national ; et les mineurs furent jetés en prison.
Si ces deux gemmes présentent une large palette de couleurs, c’est la couleur rouge qui reste la plus appréciée et depuis toujours le rubis est tenu en haute estime et peut atteindre des prix d’achat particulièrement élevés.
Le rubis peut être aussi plus onéreux que le diamant, car contrairement à ce dernier il est une pierre rare.
Frédérique Davezac