Vendée Globe : 40 skippers à l’assaut de la planète bleue
Journaliste et férue de mers et de voiles, Patricia M. Colmant nous convie au départ du Vendée Globe 2024.
Ce dimanche, au large des Sables d’Olonne, la mer sera blanchie par les voiles et les coques de centaines d’embarcations parmi lesquelles 40 Imoca, monocoques de 18,28 m dont la hauteur des mâts (29 m) émergera de cette flottille imposante. La présence de ces multiples bateaux autour des skippers engagés dans le Vendée Globe illustre l’engouement du public, pas seulement amateur de voile, pour cette aventure planétaire. D’ailleurs le village a attiré 360 000 visiteurs pour la seule première semaine.
Cette dixième édition consacre à la fois l’internationalisation de cette course avec 14 skippers étrangers et son évolution d’aventure planétaire à régate autour du monde quand on voit les machines de courses dont une douzaine ont été construites pour cette édition. Plusieurs n’ont même plus de cockpit ouvert. Le skipper manoeuvre depuis l’intérieur d’un véritable bunker où le moindre petit choc (sur le carbone dont sont faits les bateaux) résonne à leur fracasser les oreilles… Des petits hublots pour voir devant et sur les côtés, un siège de pilote de course ou d’avion, une batterie d’écrans mesurant la totalité des paramètres qui permettent de faire avancer le bateau. Même le « moulin à café », ce treuil à deux manivelles qui permet de border les voiles, est dans cet habitacle. Finie l’époque où le skipper était à tous les vents et embruns. Doit-on d’ailleurs s’interroger sur l’osmose qui existe encore entre le marin et la mer ?
Dans cette flotte, nombreux sont les coureurs du large expérimentés tel Yannick Bestaven, vainqueur il y a quatre ans avec Maître Coq ( il avait bénéficier d’une réduction de son temps pour s’être dérouté pour porter secours à Kevin Escoffier, naufragé, finalement récupéré par Jean Le Cam). Charlie Dalin, vainqueur sur le ligne en 2021, a, de son côté, une revanche à prendre avec son nouveau MACIF Santé prévoyance.
Thomas Ruyant à bord de Vulnérable est aussi un concurrent pour le podium comme Samantha Davis et son nouveau bateau performant Initiatives-Coeur sans oublier Yoann Richomme à bord de Paprec-Arkea qui a déjà démontré son talent sur d’autres courses ou Jérémy Beyou sur le puissant « Maître Coq ». Ils sont une douzaine à pouvoir prétendre le podium.
Mais la voile est plus que jamais un sport mécanique avec ses aléas de casse ou de fâcheuses rencontres d’objets flottants dévastateurs. Ils partent seuls, pour trois mois, avec malgré les communications très faciles aujourd’hui, des moments de solitude ou de découragement dû à la fatigue ou au manque de sommeil. D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à s’être préparés mentalement avec l’aide d’un coach. Certains comme le doyen Jean Le Cam se sont faits mijoter des petits plats sous vide, un vrai remontant… D’autres se contentent de la nourriture lyophilisée gonflée à l’eau bouillante. Tous ont inclus dans leur emploi du temps un entraînement physique de haut niveau. En effet, malgré les progrès techniques et ergonomiques de l’intérieur du bateau pour rendre la vie à bord moins difficile, cette course est une épreuve sportive avec l’art et le talent nécessaire et moral exigeant un mental solide. Mais pour gagner le Vendée Globe, il faut aussi une part de chance sur laquelle personne n’a la moindre prise.
Bon vent à tous.
Patricia-M. Colmant
Visuels de J. Tomlinson, O Branchet, JM Liot, J Didou
En ouverture d’article, Jeremy Beyou sur Charal (ici lors de l’édition 2020). Il part pour son 5 eme Vendée Globesur un nouveau bateau. C’est un candidat au podium.