Trésors de jardins à Cherbourg

Promenade dans la Manche pour quelques jardins à Cherbourg.

Cherbourg, ville portuaire ancrée à l’extrémité du Cotentin, a la réputation d’offrir un climat doux. Le Gulf-Stream baigne sa côte ouest en apportant des brumes et des températures qui l’hiver s’aventurent rarement en dessous de zéro. Climat doux et humide, lit-on dans les livres de jardinage, voici l’idéal pour planter des jardins à l’anglaise avec des témoins des flores méditerranéennes et aussi chiliennes, néo-zélandaises, enfin tout ce qui fait rêver le jardinier en recherche de beautés rares et d’émotion.

Parc de la Roche Fauconnière

Vue sur le jardin Favier

« Avez-vous visité à Cherbourg le jardin du docteur Favier ? » avait-on coutume d’entendre dans les cercles jardiniers-botanistes il y a déjà quelques dizaines d’années. Bien que très discret et plutôt secret, Charles Favier prolongeait avec fougue l’oeuvre de trois générations de Favier, l’aménagement sur plusieurs hectares d’une collection de végétaux pas ou peu rencontrés, fortement teintée d’exotisme en raison du climat de la presqu’ile cotentinoise. La documentation disponible fait remonter à 1869 l’histoire du jardin. Qu’on l’ait visité ou pas, l’endroit était connu du petit monde de la botanique et aussi des « têtes couronnées ». Un document d’époque précise en effet que, après la guerre de 1939/45, des gens d’importance à l’instar de la reine de Hollande et la reine de Danemark venaient visiter les plages du débarquement et … le Jardin Favier. Ce dernier était des plus faciles à trouver en raison de son positionnement à côté d’un énorme château d’eau posé sur un des points hauts de la ville et visible d’à peu près partout.

Puis le temps a passé. Charles Favier est mort dans les années 1990. Son fils Alain a prolongé l’effort un moment et la génération suivante n’a pas suivi. Un jardin oublié, sans surveillance, sans entretien se laisse assez vite envahir par les ronces et les visiteurs indélicats. Victime de vandalisme et d’incendie, la belle maison de briques rouges a cessé d’être habitable. Reste le nom du jardin maintenant : Parc de la Roche Fauconnière, nom donné par les Favier à cet ensemble de 7 hectares, dont 4 classés aux Monuments Historiques depuis 1978, un réservoir unique qui comptait plus de 4000 espèces de plantes vivaces, d’arbres et d’arbustes identifiés pour la plupart.

Les superbes rhodos étaient en fleur lors de ma venue

Par une politique volontariste dans le domaine des Espaces Verts, la ville de Cherbourg vient de décider de reprendre l’entretien du jardin Favier, assuré un temps par une association de jardiniers bénévoles. Régine Bésuelle, conseillère municipale en charge des jardins de la ville, a réuni la presse et les élus pour expliquer la démarche : « Cherbourg-en-Cotentin a proposé de reprendre l’entretien du jardin qui appartient depuis 2011 au Conservatoire du littoral et des rivages lacustres. » Les travaux de restauration ont commencé sous la surveillance attentive de Franklin Picard, un botaniste très compétent qui fut un ami de Charles Favier et qui occupe des responsabilités au sein d’associations internationales de botanique. Des visites guidées suivront sous la houlette le plus souvent de Dominique Poirier, l’actuel directeur nature, paysage et propreté de la ville. Renseignements en mairie.

De gauche à droite : Dominique Poirier, Régine Bésuelle, Franklin Picard

Etre en visite à Cherbourg est l’occasion de découvrir les nombreux parcs et jardins de la ville, publics ou privés. En ville, deux sont des étapes obligées :

 Château des Ravalet

Le parc du château des Ravalet

A partir de 1872, un parc de 14 hectares se développe en grande partie à l’anglaise mais aussi à la française autour d’une serre de belle facture avec fontaines et bassins dont un devant la grotte qui abrite la statue en marbre d’une vicomtesse de Tocqueville. René de Tocqueville avait imaginé à la fin du XIXème siècle un système de mouvements d’eau très complexe avec moulin, turbine, bief, douve. Tous les soirs jusqu’en 1910 le château et ses abords se trouvaient ainsi superbement éclairés.

Les serres des Ravalet

L’ensemble est parfaitement entretenu, classé Jardin remarquable. Il sert de cadre tous les deux ans à la manifestation « Presqu’ile en fleurs » sorte de floralies et journées des plantes durant un week-end. Accès gratuit pour exposants et visiteurs.

 

Parc Emmanuel Liais

Maire de Cherbourg et astronome féru de botanique, Emmanuel Liais (1826-1900) profita de ses séjours au Brésil pour rapporter des plantes d’Amérique du Sud. Il en fit venir d’Asie aussi et aménagea un magnifique jardin exotique avec serres, bassin, fontaines. La maison est devenue musée. Le parc est public et on y rencontre de forts majestueux spécimens de plantes belles et rares. En mai les rhododendrons hauts de 4 mètres et plus sont couverts de fleurs.

Un buisson entier de rhododendrons au Parc Emmanuel Liais

Il semble que le palmier Jubea spectabilis qu’on y voit soit le plus grand de France.

D’élégantes statues jalonnent le parc Emmanuel Liais

Et pour finir, comme il faut bien trouver une chambre d’hôte sublime à la mesure de l’événement, c’est au Manoir de La Fieffe, à La Glacerie, qu’il faut descendre. C’est la campagne calme à moins de 3 kms du port et de ses restaurants dont l’excellent La Satrouille où le chef Michel Briens cuisine légumes et poissons. Le Manoir de Fieffe offre trois chambres d’hôtes spacieuses et accueillantes. Le parc botanique en création sur 4 hectares est l’oeuvre d’Emmanuel de La Fonchais qui dans une vie précédente s’occupait de jardins en Seine-Maritime. Remarquables petits-déjeuners à base de fruits frais et de viennoiseries variées à la mesure du reste.

Quelques chambres d’hôtes au beau manoir de La Fieffe

Texte et photos de Georges Lévêque

http://www.cherbourgtourisme.com

http://www.conservatoire-du-littoral.fr

https://fr-fr.facebook.com/fauconniere/

http://www.manoirdelafieffe.com

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