Tournus en deux monuments majeurs

Visitez le Sud Bourgogne nécessite un arrêt à Tournus. L’abbaye St Philibert et l’Hôtel-Dieu, ses deux principaux monuments valent même une halte de quelques jours ou la venue de l’un ou l’autre coin de France.

Coincée entre Beaune et Cluny dont les réputations ont franchi les frontières, Tournus fait parfois figure d’enfant pauvre, de territoire oublié et pourtant….. En effet, si vous connaissez les 3 lieux, vous aurez peut-être du mal à comprendre que Tournus n’ait pas la renommée qu’elle mériterait.

L’abbaye St Philibert entre maisons et ruelles

Sans décrire toute la ville, focus sur ses deux monuments phare.

St Philibert, chef d’œuvre du roman

Difficile de bien photographier les deux tours de l’église abbatiale car l’ensemble bâti aux 11 et 12 ème siècle est enchâssé dans les ruelles et constructions de la ville. On aimerait avoir plus de recul et c’est du charmant cloitre qu’on discerne une vision d’ensemble.

La nef de St Philibert

Mais pourquoi St Philibert ?

Au 2nd siècle après Jésus Christ, Valérien fuyant les persécutions romaines s’installe à Tournus. Arrêté, décapité, son corps est enterré dans l’abbaye actuelle.  Deux siècles plus tard, un monastère est érigé sur sa sépulture.

En 875, ce sont les moines de St Philibert qui fuient les invasions des vikings. Ils s’installent à Tournus, car la ville leur est donnée par le roi Charles le Chauve. Suite au pillage d’Hongrois, à des incendies ; les moines reconstruisent le monastère au 11 et 12 ème siècle, tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Mosaïque (12 ème) du semeur découverte en 2001

Spécificités architecturales

Malgré quelques effets de relief de pierres posées en arêtes de poissons ou bandes lombardes, une maçonnerie austère caractérise la façade de l’abbaye.

La crypte du XII ème siècle

D’une grande sobriété, la crypte remonte au 11 ème et contraste par son absence de lumière en regard de la nef très lumineuse via ses grandes fenêtres dans les murs latéraux. Fait assez rare, la voûte est à berceaux transversaux et laisse donc pénétrer une belle luminosité.

Points forts de l’abbaye que j’ai aimés

Notre Dame La Brune et son Jésus au visage d’adulte

Vénérée Notre Dame La Brune n’est pas une vierge noire au sens africain du terme. Offerte aux moines lors de leur fuite, elle est dite noire car sculptée dans du cèdre qui a été doré au 19 ème siècle. Très curieusement l’enfant Jésus sur ses genoux a la figure d’un adulte.

Contemporain le mobilier comme l’autel est de la main de l’orfèvre géorgien Goudji qui a œuvré aussi à la cathédrale de Chartes et à Notre Dame de Paris.

L’orgue en forme de coque de bateau

Découvertes lors de restaurations en 2001, des mosaïques de la fin du 12 ème siècle ont été mises à jour. Les mois de l’année, les signes zodiacaux permettaient aux pèlerins de cheminer à travers le temps et l’espace comme une bande dessinée, la population d’alors étant dans sa majorité illettrée.

En forme de coque de bateau, l’orgue datant du 17 ème siècle est superbe. Il a été offert par la famille Ozenay qui possède une propriété-chambre d’hôtes entre Tournus et Brancion.

L’Hôtel-Dieu très avant-gardiste pour les pauvres, malades, indigents

La salle des femmes

Les plus démunis et voyageurs de toutes sortes étaient accueillis à l’extérieur des remparts de la ville dès le 9 ème siècle. Détruit lors des guerres de religion au 16 ème siècle, ce premier hôtel-Dieu est abandonné avant d’être reconstruit aux 16 et 17 ème siècle. L’actuel hôtel-Dieu est dû à deux abbés fondateurs, le cardinal de Bouillon, abbé de la ville de 1660 à 1715, et le cardinal de Fleury qui prit sa succession.

Ce sont les sœurs hospitalières de Sainte Marthe qui assuraient le service d’aide, nourriture et de soins auprès des miséreux, des militaires. Au fur et à mesure des décennies, l’offre médicale grandit avec des services de chirurgie et de maternité avant de devenir un hôpital de moyen-long séjour. La petite cinquantaine de lits ferma définitivement en 1982.

Vue sur une des salles de l’Hôtel-Dieu

Cet hôtel-Dieu n’a rien à envier à celui de Beaune popularisé par Funès dans La Grande Vadrouille. A Tournus, les lits en bois sont d’époque, le matériel propre à chaque malade (pichet, écuelle, verre en étain) est encore en place sur la petite table de chevet au pied de chaque couche, les pots à feu en bois signent le style Louis XIII de la bâtisse.

Les spécificités les plus intéressantes de l’Hôtel-Dieu

Le meuble à étains

Exit la faïence des 17 et 18 ème siècle, bienvenu à l’étain plus ‘safe’. Fin 18 ème et surtout au 19 ème l’étain déjà utilisé pour les pots à sangsues, les clystères, les palettes à saignée devient objet du quotidien pour les plats, les assiettes, les bols. Bien rangés dans un grand vaisselier, la salle des étains contient plus d’une centaine de pièces.

Achevée en 1685, l’apothicairerie est une des pharmacies les plus riches de Bourgogne. Au sol des dalles multicolores ; au mur des meubles en noyer à rayonnage pour contenir des pots à onguents ; au plafond une peinture avec angelots, sphinges, fleurs et fruits décoratifs ; 150 pots en faïence et 130 pots en verre pour des sirops, des miels, des vinaigres, des distillats de plantes, des décoctions d’animaux, des potions exotiques, des poudres mirifiques. Dernièrement plafond et pots ont été superbement restaurés : une vraie merveille d’apothicairerie.

Les pots de l’apothicairerie

Dans cet hôtel-Dieu, le musée Greuze : quelle déception ! De manière très étonnante, le musée ne dispose pas de tableau emblématique du peintre, les portraits de garçonnets et de fillettes au sourire charmant. Deux autoportraits seulement et divers dessins signent la maitrise picturale du peintre.

 

 

Autoportrait de Greuze peint vers 1755

St Valérien : une future perle à restaurer

Hélas non visitée car fermée, un dernier monument signe le patrimoine historique de la ville : la petite église Saint Valérien de facture romane (12 ème siècle). Dédiée au premier missionnaire de Tournus, le saint martyrisé en 178 après JC, elle est d’une rare pureté. Rachetée elle va être restaurée pour le bien de tous et devrait devenir un centre d’expositions ou d’art.

L’église St Valérien du XII ème siècle

 

Coordonnées des différents lieux à visiter :

Abbaye Saint Philibert

Place de l’Abbaye

www.paroisse-saint-philibert-tournus.fr

Hôtel-Dieu

21 rue de l’Hôpital

03 85 51 23 50

www.musee-greuze.fr

Office de tourisme

place de l’Abbaye

71 700 Tournus

03 85 27 00 20

www.tournus-tourisme.com

 

 

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