Plongée en nostalgie au Coq de Bougival
De passage dans les Yvelines, la journaliste Patricia M Colmant a été visitée l’emblématique adresse ‘Le Coq de Bougival’.
Une pointe de nostalgie culinaire et artistique l’a étreinte !
Déjeuner sous l’œil goguenard de Jean-Paul Belmondo, le sourire carnassier d’Alain Delon ou l’air rigolard de Bourvil, s’asseoir près de la cheminée devant laquelle Sophia Loren et Carlo Ponti ont célébré avec une poignée d’amis leur bonheur d’être unis, faire un clin d’œil à Fernandel ou un petit salut à Winston Churchill et au président Eisenhower en songeant à la reine Elisabeth d’Angleterre qui a honoré cet établissement centenaire de sa présence. Ces rencontres imaginaires sont possibles au « Coq de Bougival » qui accueille, à 20 mn de Paris, les nostalgiques des années 70. Si vous appréciez belles nappes blanches et grandes serviettes damassées, les serveurs à l’ancienne, l’atmosphère joyeuse des brasseries des « Trente Glorieuses » et une cuisine française classique, sans doute plus roborative que moderne cet établissement des bords de Seine est pour vous. Au menu, le coq au vin a, bien sûr, une place de choix aux côtés des cuisses de grenouille et des ris de veau.
Ce Coq, autrefois Hardy, a vu défiler le tout Paris de la politique, de la diplomatie ou du monde artistique, et ce, pendant plus d’un siècle, avant de connaître de lourdes vicissitudes financières à la fin des années 80 puis de passer dans plusieurs mains.
Est-ce par désir de surfer sur une tendance à la nostalgie de gloires passées, l’attrait pour un lieu au charme un peu désuet ou simplement l’espoir d’avoir mis la main sur un business prometteur, ses actuels repreneurs, les frères Arfi, commerçants dans l’âme, ont audacieusement décidé, en 2019, de redonner à l’emblématique volatile qui battait de l’aile, de belles couleurs à son plumage. Leur élan a été étouffé dans l’œuf avec la pandémie ! Mais tel le phœnix, le Coq désormais de Bougival, se rengorge petit à petit, lui que la faillite avait complètement déplumé. « On est devenu les conservateurs de ces lieux que nous avons trouvé vidé de tout, assiettes et tables comprises » explique Patrick Arfi qui ne croit pas au hasard : « un jour, j’ai reçu un coup de fil d’un petit neveu de la famille Bonnerue du nom d’un ancien propriétaire. En vidant un grenier, il venait de trouver des cartons remplis d’objets et de portraits de cette belle clientèle qui a fait la gloire du lieu » raconte-t-il. Une aubaine tombée du ciel. « On a pu raccrocher aux murs toutes ces photos ». Elles complètent harmonieusement le mobilier chiné dans les brocantes pour que le restaurant retrouve un peu de son cachet et une partie de ses racines et plumes les plus récentes.
Car « Le Coq de Bougival » c’était dès le XIIIè siècle, un relai de poste. Il profitera, deux siècles plus tard, de la clientèle des ouvriers des grands travaux d’agrandissement du bras de la Seine par Louis XIV. Au XIXè, auberge prisée des impressionnistes qui venaient chercher l’inspiration bucoliques. L’établissement a été de plus en plus spacieux avec, à l’entrée, les alcôves et petits salons, parfaits pour les déjeuners d’affaires, puis la grande salle sous la verrière idéale pour un repas de noces, suit un espace de réception plus intime, ornée d’un grand portrait de la comtesse du Barry, clin d’œil à la grande histoire car Louis XV lui offrit ce pavillon et ses hectares jouxtant la forêt de Marly en dédommagement de sa répudiation.

Des photos de Churchill, de la reine Elisabeth d’Angleterre avec le Général de Gaulle garnissent les murs
Il continua à être pavillon de chasse au XIXè comme en témoigne une très haute cheminée dotée de son mécanisme de rôtissoire d’origine au bout d’une longue salle à manger qui accueille encore aujourd’hui des convives désireux de déguster, en bonne compagnie, par de belles soirées d’automne, quelques poulardes, volailles et autres gigots de chevreuil rôtis au feu de bois.
Patricia-M. Colmant
Tel : 01 30 78 20 00
Menu à 39 €