Musée Cernuschi : L’encre en mouvement

« L’encre en mouvement » est une évocation historique de la peinture chinoise au 20 ème siècle.

Après l’expo « Peindre hors du monde » qui plongeait dans les temps anciens et impériaux de la Chine et les œuvres des lettrés ; le musée Cernuschi nous entraîne de la fin de l’empire à la Seconde Guerre mondiale, de la révolution de 1949 à l’ouverture des années 1980, en un siècle où la Chine a été le théâtre de profondes mutations.

En phase avec ces changements, la peinture chinoise est, elle aussi, en mouvement. Définie depuis des siècles par l’usage de l’encre, elle se réinvente au contact de techniques nouvelles mais aussi grâce à la redécouverte de son propre passé.

Deux apsaras er dragon de Zhang Bide 1945

Le voyage des artistes joue un rôle moteur dans ce renouvellement. Pas moins de 70 œuvres réalisées par 34 artistes illustrent superbement ce cheminement.

Pivoines et papillons de Yu Fei’an 1953

Premières salles sur les écritures anciennes

En Chine, le XXe siècle commence véritablement avec la fin de l’empire (1911) et l’avènement de la république, en 1912. Pourtant les symptômes de la fin du système impérial étaient visibles depuis la première guerre de l’opium (1839-1842) et la révolte des Taiping (1851-1864).

On note un nouveau rapport à la langue et à l’écriture, qui va générer un complet renouvellement de l’art calligraphique et pictural et une approche critique des textes canoniques, fondements de la culture classique des lettrés fonctionnaires.

La peinture est totalement transformée par une libération du trait.

Seconde partie avec une modernisation entre Chine et Japon

Pour moi c’est la plus belle partie de l’exposition.

Gibbon d’après Li Sherng ( oeuvre de Chang Dai-chien 1945)

Les années 1920 et 1930 sont marquées par des luttes entre seigneurs de guerre, puis entre communistes et nationalistes et, à partir de 1932, par les menées coloniales et militaires du Japon. La période est pourtant très fructueuse sur le plan culturel et artistique.

Le Japon constitue, depuis le début du siècle, un relais majeur dans l’éducation de l’intelligentsia chinoise. Les artistes y étudient les techniques occidentales et se familiarisent avec le nihonga, la peinture japonaise qui opère à l’encre et en couleurs.

Néanmoins, les artistes redécouvrent également une partie de la tradition picturale chinoise, notamment dans le genre des fleurs et oiseaux ou du paysage. Cette manière de regarder vers son propre passé est renforcée, à partir des années 1930, par la lutte contre le Japon. Nombre d’artistes, stimulés par la découverte de l’intérieur de la Chine où ils se replient, en tirent toutefois des formules nouvelles.

La 3ème partie de l’expo témoigne de la découverte des peuples de l’Ouest

Zhang, Daqian Tibétaines au dogue, 1944

L’offensive japonaise de 1937 provoque l’installation du gouvernement à Chongqing, qui devient la capitale de la Chine libre. Les écoles des beaux-arts, récemment créées, doivent également se replier vers l’ouest du pays. Toutefois, la guerre ne signifie pas un arrêt de la création. Les territoires où se sont réfugiés les artistes vont même devenir l’une des sources principales de leur inspiration. Le contact avec les populations des provinces de l’Ouest suscite particulièrement l’intérêt des artistes. C’est le cas de Pang Xunqin (1906-1985) qui réalise une importante série de peintures représentant des femmes et des hommes Miao.

Avancer contre vents et marées de Tang Xiaohe 1971

La peinture rouge et les encres révolutionnaires

En 1949, les communistes l’emportent sur les nationalistes et fondent la république populaire de Chine. La période maoïste (1949-1976) est caractérisée par une activité intense dans le domaine des arts. Crédités d’un pouvoir d’entraînement et de formation idéologique de la population, les artistes font l’objet d’un contrôle étroit et constant. Chaque œuvre, avant d’être exposée, passe par un processus de validation au cours duquel elle est soumise à l’avis de représentants du peuple et de cadres du Parti, puis retouchée en fonction des remarques reçues. En outre, nombre de peintres subissent des campagnes de critiques publiques, parfois virulentes et dévastatrices. Les artistes se doivent d’illustrer les épisodes marquants de l’histoire du Parti communiste chinois et de décrire l’avènement d’une Chine nouvelle.

Les années post 1950 m’ont paru moins riches : abstraction qui tend à faire sortir les artistes du cadre des arts graphiques.

 

Musée Cernuschi

7 av Vélasquez

75 008 Paris

01 53 96 21 50

www.cernuschi.paris.fr

ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h

Du 21 / 10 / 2022 au 19/ 02 / 2023

 

 

En ouverture d’article Wu Guanzhong 1992 ‘forêt de bambous et champs irrigués

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