L’histoire du hussard Supion

Le nouvelliste Guy de Vanssay nous entraine aujourd’hui dans l’époque napoléonienne.

L’épopée napoléonienne a couronné de gloire notre histoire et ses héros sont dans nos mémoires depuis le CE1. Pourtant, certains trompe-la-mort n’ont pas eu les honneurs qu’ils méritaient et sont aujourd’hui oubliés.

Oeuvre de Gericault

Hyppolyte Supion par exemple força l’admiration de la Grande Armée et de l’Empereur en bravant seul l’armée cosaque à Eylau. Il chargea sabre au clair l’horizon piqué de deux régiments de rudes cavaliers russes avec le mépris du danger et aussi parce qu’il était myope comme une taupe. Les cosaques en furent estomaqués à tel point que certains d’entre eux devinrent par la suite végétariens et d’autres se retirèrent dans un ashram népalais. Par miracle le hussard Supion survécut et rejoignit les troupes françaises où il fut accueilli en héros. Napoléon demanda à Lasalle, général commandant les hussards, de lui rendre les honneurs devant ses hommes en lui donnant sur le champ une promotion et un titre nobiliaire. Lasalle était plus doué en exploits militaires qu’en géographie et trouva finalement parmi les ruines du village d’Eylau une pancarte où était inscrit « Wurst » qu’il prit pour un panneau indicateur alors qu’il s’agissait d’une enseigne de charcuterie.

C’est donc au Lieutenant Supion, Comte de Wurst, que l’Empereur pinça l’oreille. Toute la troupe le regardait avec admiration et parmi les femmes à soldats qui accompagnaient l’armée surgit un bataillon de prétendantes. Ce fut finalement une certaine Madeleine Liseron, dite « pompe-dur » et qui possédait la plus jolie barbe parmi ses consœurs, sur qui il jeta son dévolu. Le physique affirmé de sa maitresse en titre ne le dérangeait pas car, on l’a déjà dit, il n’y voyait goutte. D’ailleurs il ne reconnaîtra jamais ses enfants.

On ne sait pas ce qu’il est devenu par la suite, sic transit gloria mundi. Il y a de l’injustice dans le traitement des grands hommes dans l’Histoire. Alors que les boulevards intérieurs ont été baptisés du nom de Berthier, Murat, Masséna et les autres maréchaux, chacun ayant son morceau, on peine à comprendre pourquoi Périphérique, dont la biographie reste obscure, reçoit autant d’honneur.

Je serais d’avis de rendre hommage – mieux vaut tard que jamais – à ce hussard illustre et je pense que je ne suis pas le seul. Je verrais bien une belle statue de bonne taille et en matériau de qualité, avec une plaque chic où sera inscrit : « A Hyppolyte Supion, Comte de Wurst, et glorieux hussard de l’Empire. » La souscription étant assez compliquée à mettre en place sans parler de la paperasserie inhérente à ce genre d’initiatives, je vous propose de m’envoyer directement un chèque à mon nom et je m’occuperai du reste.

Je remercie par avance tous ceux qui ont à cœur de promouvoir les belles vertus de nos héros et m’enverront des sous.

Guy de Vanssay

 

 

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