Les Voiles de St Tropez : what else ?

Plusieurs milliers de marins dont les plus « capés », 250 voiliers parmi les plus beaux monocoques du monde, une ambiance toujours joyeuse, l’engouement pour les Voiles de Saint-Tropez ne se dément pas.

Quand arrive le samedi de la semaine des Voiles de Saint-Tropez, un léger vent de morosité s’installe dans l’esprit des heureux marins qui ont régaté tous les jours depuis le lundi dans le golfe qui baigne la cité corsaire. Chacun sait que c’est le clap de fin de la saison régatière estivale en Méditerranée. Ce rendez-vous annuel, début octobre, des plus beaux voiliers modernes et classiques était cette année particulièrement chaud et ensoleillé, à défaut d’être très éventé. Néanmoins, tous les départs de course ont pu être donnés au pied de la jetée du port. Tant au large de Pamplonne et le cap Camarat pour les maxi yachts en carbone qu’à quelques encablures de Sainte-Maxime ou d’Issambres pour les voiliers teck et acajou souvent centenaires, les journées en mer dans les petits airs venus de l’Est ont mis à l’épreuve patience, sens de la tactique, concentration, réglages, choix des bons bords des équipages. La règle tacite veut que l’harmonie vestimentaire règne sur chaque bateau, que même avec des voiliers à deux mâts, 20 m de long et plus, 6 ou 8 voiles à manoeuvrer, le skipper prenne tous les risques pour assurer le meilleur départ, virant au ras de ses concurrents dans un mouvement de ballet des toiles et des équipiers sur les ponts. C’est élégant, audacieux, sportif, dans un chuintement de mètres carrés qui s’aplatissent et se gonflent tandis que les coques dans un léger clapotis, fendent l’eau bleu marine, blanchie par l’écume des étraves.  Au grand dam des navigants, des bateaux à moteur bruyants et rapides avec leurs occupantes en bikini, zigzaguent d’un concurrent à l’autre. Par petit temps, les vagues générées par les hors-bords et leur virage sur l’aile pour épater les copains dérangent ces voiliers à la recherche du moindre souffle pour gonfler leur « garde-robe ».

Départ au pied de la jetée

A bord de « Barbara », une yawl sortie en 1923 d’un chantier anglais mythique, Camper & Nicholson, l’étrave s’élève brutalement avant de retomber dans une grande gerbe d’eau. Focs et génois faseyent, grand voile claque, le bateau s’arrête. Il a perdu l’inertie qui lui permettait d’avancer vers la bouée à virer.  Reste à attendre la prochaine risée. Le « perturbateur » est déjà reparti dans des vrombissements énergiques vers une autre cible des portables et autre Nikon brandis pour immortaliser ses instants esthétiques d’immenses voiles blanches triangulaires qui pointent vers le ciel bleu sur cette large étendue sombre ou brillante sous les rayons du soleil au zénith. Au retour au port, ça bouchonne sous l’oeil de Colette qui cette année, orne le phare. L’auteur de « La naissance du jour » qui séjourna de 1925 à 1938 dans la cité du Bailli, se baignait tous les jours, baie des Canebiers.

A quai, alors que l’atmosphère de fin de journée prend les couleurs ocre rose de ce charmant petit port, des milliers de marins s’affairent. On débarque le matériel, on plie les voiles, love les cordages, s’organise pour le rapatriement de chacun. Sur « Barbara », on charge quelques vivres. En équipage réduit, le bateau repart le soir même pour Viareggio (Italie cote nord-ouest ) son port d’attache. Et nombre d’embarcations font de même.

Les autres équipiers vont rejoindre le bar des régates installé sur la jetée où le rosé Torpez, le cru tropézien par excellence, coule à flot tandis qu’un orchestre joue les succès des années 80, enthousiasmant les régatiers et leurs amis. La tradition de la fête ne se dément pas au coeur de cet ancien port de pêche qui a vu défilé toutes les célébrités cinématographiques, culturelles, politiques. Elles ont d’ailleurs été affichées tout l’été, place Blanqui et square de Lattre de Tassigny, Paris Match ayant ouvert ses albums de famille.

Virement à bord du « Barbara »

Saint-Tropez ce sont aussi des petites boutiques offrant des tenues que l’on ne trouve nulle part ailleurs, ce sont les sandales Rondini fabriquées depuis 1927 dans le même atelier au coeur du village, par le 3è génération d’artisans bourreliers, l’incontournable tarte tropézienne et se crème onctueuse, créée par le pâtissier polonais Alexandre Micka ou les savoureuses pizza au feu de bois de César Pollet et de son fidèle adjoint Ryad à L’Aroma, en face du lavoir.

Patricia-M. Colmant

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