Les champignons de Barbara Kandiyoti

L’artiste Barbara Kandiyoti crée de ravissants et très étonnants champignons en céramique. Visite surprise dans son atelier.

Dans une balade à Uccle, j’ai découvert la Galerie Frédérick Mouraux et suis tombée sous le charme de champignons étonnamment accrochés aux cimaises murales. Autant dire que je me suis précipitée quand j’ai vu que, lors d’un parcours sur différents artistes, son atelier était ouvert à la visite.

Tissus, plantes aquatiques, champignons : késako ???

Dans le salon d’importants groupes de feuilles émaillées où les gris, le greige, les marrons s’associent en certains pétales à un rouge vif, à un bleu roi. Qu’est-ce ? Des bouts de tissu froissés et retombants ? Des plantes aquatiques qui se meuvent au gré des courants ? Non, Barbara Kandiyoti m’explique qu’il s’agit de champignons fraîchement émaillés et sortis de son four.

Assurément, la jeune femme blonde a de l’or dans les mains car ces pièces ressemblent fortement aux champignons parasitaires qui s’accrochent aux arbres sénescents. Et Barbara d’avouer sa fascination pour ces champignons à tubes en liaison avec sa passion depuis toujours pour Dame Nature. Aimant se promener en forêt, dans les proches futaies de Soignes ; elle photographie les arbres et son regard est souvent attiré par ces polypores imparfaits, fissurés, parfois en état de décomposition. Ces champignons l’intéressent pour leurs variétés, leurs formes étonnantes. De cette observation découle le bonheur d’une création sans limite aucune.

Seules ses mains guident sa créativité

Et son art est une création avec un travail de ses seules mains. Des cours de dessin de sa jeunesse au stylisme initial tourné vers la mode à Londres de 1998 à 2002, que reste t’il ? L’assurance de connaître sa vitalité créatrice et de vivre sa passion : créer de ses mains, malaxer la terre et toute autre matière première, découvrir et apprendre de nouvelles techniques.

C’est décidé, elle se lance dans la matière : terre, argile, porcelaine, émail dont les paquets bruts garnissent les étagères de l’atelier. L’ébauche d’une pièce commence dans sa tête, dans ses mains avant même le modelage, son passage sur un tour ou dans un moule. Telle lamelle du champignon peut demander quelques heures de travail, telle autre des jours auxquels s’ajouteront des temps de séchage à température ambiante plus ou moins longs.

Un premier four accueille le biscuit à une température de 950°et au gré des envies de l’artiste le souhait d’émailler, d’enfumer ou de laisser la pièce brute. Un second passage dans un four qui peut monter jusqu’à 1 220 ° est nécessaire. Et selon l’envie ou la créativité de l’artiste des finitions en or.

Au final une création inspirée de la Nature et de champignons déploie son chapeau, ses lamelles, ses tubes, ses spores en une éclatante symphonie colorielle.

www.frederickmourauxgallery.com