L’Education sentimentale de Flaubert au Théâtre de Poche Montparnasse

L’œuvre de Flaubert, L’Education sentimentale, revue à la manière d’un conte, d’une farce formidablement jouée par Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps.

Après le succès de Madame Bovary (sortie en 1857) où Flaubert révolutionne le genre littéraire romanesque de l’époque par des traits plus réalistes, des portraits plus socio-psychologiques ; l’auteur ne rencontre pas le même écho médiatique avec L’Education sentimentale parue en 1869. En effet Flaubert essaye là un nouveau style : une fresque historique où il mêle les tribulations du héros aux oscillations politiques du moment (monarchie de Juillet, révolution de 1848, etc…). L’ouvrage est conçu sur le modèle du Bildungsroman allemand et a également un accent autobiographique : Gustave Flaubert avait rencontré Élisa Schlésinger, la femme d’un éditeur de musique connu, et s’en était amouraché 30 ans plus tôt sur la plage de Trouville. On retrouve les tribulations liées à cet amour dans la personnalité de Marie Arnoux. Malgré un accueil mitigé donc, la postérité retiendra néanmoins L’Éducation sentimentale comme un modèle du genre.

Sous les traits d’un roman historique (accession de Louis-Philippe au trône, Monarchie de Juillet, révolution de 1848, Philippe d’Orléans, II ème République, coup d’état de 1851, Second Empire) ; le spectateur suit les déambulations amoureuses et politiques de Frédéric Moreau, un jeune paumé dans un siècle en pleine évolution.

Sandrine Maloro joue avec fougue aux côtés de Gilles-Vincent Kapps

A vous de voir si la pièce ne résonne pas fortement avec la situation actuelle !!!

Les deux acteurs, S. Molaro et G.V. Kapps s’emparent avec fougue de cette fresque sentimentalo-politique et la jouent à 100 à l’heure avec humour de surcroît. De manière survoltée, ils dévoilent les amours boiteuses, les amitiés, les trahisons, les désespoirs et les fulgurants moments de bonheur de notre jeune héros exclu de toute personnalité et de tout charisme. On dirait aujourd’hui que Frédéric Moreau est un ‘looser’, un incapable d’action qui traverse la révolution de 1848 comme s’il assistait à un spectacle, un perdant qui peine à se choisir un destin parmi toutes les possibilités qui s’offrent à lui ; en deux mots un anti-héros qui se laisse porter par les évènements sans interagir.

Malgré cela Moreau interpelle. Et s’il incarnait nos propres manquements, nos illusions perdues, nos regrets. A son instar nous pourrions nous interroger sur notre propre capacité à l’engagement et au courage !

L’adaptation par Paul Emond interroge sur les similitudes avec notre vie actuelle, l’inertie à laquelle beaucoup se résignent aujourd’hui face aux dangers qui guettent notre société.

Bravo à la performance des deux acteurs metteurs en scène qui jonglent entre des textes adaptés et des sonorités acoustiques et électroniques qui mêlent guitare électrique, accordéon et synthétiseur afin de rendre le spectacle moins mélodramatique.

L’affiche du spectacle

Au Théâtre de Poche Montparnasse

75 Bd du Montparnasse

75 006 Paris

01 45 44 50 21

Du mardi au samedi 19h, dimanche 15h

Tarif plein 28 € / tarif réduit 22 € / – de 26 ans 10 €

Durée 1h20

www.theatredepoche-montparnasse.com

visuels de Pascal Gély / Hans Lucas

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