Le verre dans le Grand Est

L’année Internationale du Verre est l’occasion de découvrir, dans le Grand Est, deux musées : le site verrier Meisenthal et le musée Lalique.

Le savez-vous : les Nations Unies ont proclamé 2022 ‘’Année Internationale du Verre’’ pour souligner le rôle du verre dans de très nombreux domaines scientifiques, économiques, artistiques et culturels.

Le verre est essentiel à de nombreuses technologies vitales, il facilite la transition vers un monde plus durable et embellit nos vies. Cette année unique et historique verra de nombreuses manifestations dans 90 pays sur les 5 continents.

Pour vous je suis partie dans l’Est au cœur du massif des Vosges du Nord, dans le comté de Bitche, voir la patrie des plus belles cristalleries françaises.

Le site verrier de Meisenthal

Des friches industrielles et de l’ancien musée du verre est sorti de terre un étonnant ensemble architectural, le site verrier, mêlant en une osmose très réussie le verre, le béton en forme de vague, le bois pour une exceptionnelle charpente dite en résille proche du mouvement Bauhaus, la brique pour l’ancienne usine et sa tour de chauffe, le végétal pour se souvenir de la nature qui a tant inspiré Emile Gallé dans ses créations locales.

Vue d’une grande partie du site de Meisenthal

Hautement symbolique, cet espace qui vient d’ouvrir est aussi un lieu de mémoire et un voyage pédagogique pour ceux qui ont façonné l’histoire du verre et du cristal et pour toutes les personnes qui aujourd’hui contribuent par leurs gestes quotidiens à perpétuer cet unique  savoir-faire à la française.

Des salles très pédagogiques

Le site comprend plusieurs lieux à visée pédagogique afin de comprendre le processus de fabrication du verre et voir comment un grain de sable se mue en vase de votre salon.

Dans un moule

Film dans une cave voûtée en grès rose vosgien, exposition des outils lesquels sont en 2022 les mêmes qu’à l’époque des premiers verriers nomades au Moyen Age, panneaux historiques racontant trois siècles d’aventures verrières, exposition de quelques 400 pièces produites par une quinzaine de maisons (dont les verreries de Meisenthal, Goetzenbruck, Lemberg, Arzviller, Saint-louis, Lalique, Baccarat, Daum qui travaillent encore), collection de moules et galerie des pièces contemporaines de designers du 21 ème siècle.

Le public peut voir le travail des ouvriers

50 ans après la fermeture de la verrerie la réhabilitation du site explique les techniques traditionnelles de façonnage du verre à chaud jusqu’au décor à froid. Et bientôt au cours de la visite, le bruit ronronnant de la fusion dans les fours à pots se fait entendre ; la chaleur monte brutalement. C’est normal : vous venez de passer dans une mezzanine qui surplombe un atelier de production. Devant vos yeux, la magie de la matière incandescente prélevée à l’aide de la canne dans le four à fusion, le façonnage par les ouvriers pour transformer la matière en coupe, flûte à champagne, pampille de lustre. Le travail est inouï : un ballet discret, mesuré et silencieux de plusieurs ouvriers qui travaillent à 2 ou 3 l’un et l’autre sachant parfaitement ce que l’autre va faire.

 

Ligne contemporaine ‘Sillages’ de Nicolas Verschaeve

Ni parole échangée, ni mouvement brusque : le travail s’enchaîne immuablement sans hésitation aucune en une symphonie parfaitement réglée. Et de s’émerveiller devant cet art du feu qui finalement a su perdurer sans pour autant changer.

Des pièces de différentes manufactures

Le musée Lalique de Wingen-sur-Moder

Il va fêter en juillet prochain son centenaire et rendre bien sûr un vibrant hommage à son illustre fondateur, René Lalique.

Iconique, le service Nippon

Dans le village d’une ancienne verrerie contrainte d’arrêter son four en 1868, René Lalique va faire renaître l’activité en ouvrant sa propre manufacture et créant ainsi une maison familiale, ses descendants du même nom reprenant la tradition verrière jusqu’en 2008.

Vue d’ensemble du musée Lalique

Mais avant les arts de la table, René Lalique c’est surtout le bijou, le flacon de parfum ; deux productions très bien exposées et mises en valeur par le musée. Lalique est avant tout l’inventeur du bijou moderne, le ‘designer’ de pièces audacieuses inspirées de ses « 3 F », la femme, la faune et la flore. L’or s’associe aux pierres précieuses, à l’émail, à la corne, à l’ivoire sur des peignes, des broches, des ceinturons, des diadèmes et des colliers représentants des nymphes, des libellules, des chauve-souris, des ajoncs, des iris….La création de René Lalique plaît à une certaine intelligentsia artistique, Sarah Bernhardt, Gulbenkian, Emile Gallé, lesquels vont contribuer à populariser son travail. De même son travail pour le parfumeur et ami François Coty vulgarise en quelque sorte ses créations. Dans ce musée vous aurez la chance inouïe de voir la collection personnelle de flacons de parfums de Silvio Denz, l’actuel propriétaire de Lalique.

Quelques anciens flacons de parfum

Après l’influence de l’Art Nouveau vient l’esprit Art Déco où Lalique continue à exceller réalisant des commandes folles, comme les bouchons de radiateur de certaines automobiles des Années Folles, comme la décoration de paquebots ou de trains de luxe, la création de pièces et fontaines monumentales pour les expositions universelles.

La taille d’une pièce décorative

Dans cet écrin muséal de pierres ‘serpentine’ vertes bleues conçu par Wilmotte, on évoque un peu la manière de fabriquer du Lalique (travail à chaud et moulage, retouche et matage par bain d’acide, polissage et signature) ; ce qui le différencie d’autres verriers comme Saint-Louis ou Baccarat. Mais ce n’est pas tant le process de fabrication du verre-cristal qui compte que la présentation de pièces uniques et emblématiques du travail de cette maison : un lustre de 1951 haut de 3 m et pesant 1, 7 t, le bijou La Femme Ailée de 1900, les vases Tourbillons de 1926 et Bacchantes de 1927, le Christ en croix du choeur de l’église Notre Dame de Douvres La Délivrande.

Le Christ de l’église de Douvres La Délivrande, oeuvre de René Lalique en 1931

Avec Saint-Louis, ces 2 sites font partie des « Etoiles Terrestres », un concept patrimonial unique autour du verre préservé par la passion des hommes.

Lustre de Marc Lalique en 1951

Site Verrier de Meisenthal

1 place Robert Schumann

57 960 Meisenthal

03 87 96 81 22

www.site-verrier-meisenthal.fr

Musée Lalique

Rue du Hochberg

67 290 Wingen-sur-Moder

03 88 89 08 14

www.musee-lalique.com

www.explore-grandest.com

Certains visuels fournis par les 2 musées (G. Rebmeister, G. Coulon, K. Faby, C. Urbain, Studio Y. Langlois)

 

 

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