Le paysagiste Camille Muller
Un livre des Editions Ulmer sur les plus beaux jardins du paysagiste Camille Muller.
Avez-vous entendu parler de Camille Muller, le paysagiste ? Les Editions Ulmer lui ont consacré un livre magnifique pour témoigner de son oeuvre et de sa vie de jardinier marginal.
Avec un titre sec comme un coup de fouet « Les mains dans la terre ».
J’ai rencontré Camille Muller chez Gilles Clément à « La Vallée », le jardin de son maître à l’Ecole d’Horticulture de Genech, le 17 août 1980. Avec beaucoup d’autres étudiants en botanique, horticulture ou paysage, la joyeuse bande allait l’été donner un coup de main à leur gourou qui construisait sa maison de bois et son jardin écolo, près de Crozant dans la Creuse. Depuis Camille a tracé son chemin et au niveau des multiples créations qui sont aujourd’hui les siennes, oserais-je dire qu’il a dépassé le maître !
« Les mains dans la terre » est un livre capital.
S’il permet de visiter une vingtaine de lieux les plus parlants, divinement photographiés par Claire de Virieu, souvent au clair obscur des petits matins brumeux ou en soirée juste avant que le soleil ait disparu à l’horizon, il donne tout autant une leçon de vie et le goût de ne pas désespérer de l’avenir. Car Camille est un inconditionnel de la Nature et de l’Ecologie. S’il a déstabilisé à ses débuts quelques bourgeois trop figés, au fil des ans il a pris de l’épaisseur et a su servir des discours cohérents et convaincants à ses clients. Camille est devenu fin stratège au point de séduire des gens des arts et de la finance comme Peter Klasen, Didier Decoin, Claire et Bertrand de Virieu, Gilles de Brissac, César (le sculpteur), Claude et François-Xavier Lalanne, la famille Rothschild.
Son approche écologique est avant tout une attitude : s’adapter au lieu sans le contraindre. C’est aussi bien une éthique qu’un gage de réussite. Affranchi des concepts et des modèles, Camille se laisse conduire par son intuition et par les opportunités présentes sur le lieu. Il est pour cela inclassable. Son oeuvre renouvelle la discipline du paysage. Jusqu’à une période récente, l’homme est au centre des jardins dans son obsession de contrôler la nature. Des créateurs comme Camille Muller réinventent l’idée du jardin qui ne sera plus l’expression de la puissance supposée de l’homme, mais bien une ode à la Nature : réintroduire la vraie nature dans le jardin.
Camille Muller, Les mains dans la terre, Editions Ulmer.
Photos de Claire de Virieu
Texte de Georges Lévêque
Juillet 2015