Le LaM, la Villa Cavrois, la piscine de Roubaix
Parmi les nombreux musées de la métropole de Lille, 3 surtout méritent votre visite : le LaM, la Villa Cavrois et la Piscine de Roubaix
Le LaM
23 000 m2 de parc et 11 000 m2 de surface totale dont 4 000 m2 de surface d’exposition : le LaM est tout autant un but de promenade qu’un musée à voir pour ses seules œuvres.
Elaborée il y a 25 ans par Roland Simounet, l’architecture mêle la brique rouge locale à un ensemble ajouré proche d’un moucharabieh ; le but étant de créer une alliance harmonieuse entre les collections d’art, le bâti et le parc. Conçu à l’origine pour abriter la donation de Jean et de Geneviève Masurel, le musée a été agrandi et s’agrandit encore pour abriter aujourd’hui les principales composantes de l’art des XX è et XXI ème siècles. Art moderne avec des œuvres de Picasso, Braque, Leger, Modigliani ; art contemporain avec Soulages, Dezeuze, Barré, Buffet, Dado ; mais aussi art brut via la donation L’Aracine de 1999. Les plus grands noms de l’art brut sont représentés : Henry Darger, l’abbé Fouré, Madge Gill, Auguste Forestier, Michel Nedjar, André Robillard, Adolf Wölfli….. et l’accrochage pour les pièces en tissu ou papier est renouvelé tous les 4 mois environ à cause de leur fragilité à la lumière.
Jusqu’au 1 er octobre prochain et à l’occasion des 40 ans du Centre Pompidou, l’exposition temporaire présentera des œuvres d’André Breton en explorant certaines de ses obsessions : l’automatisme et le spiritisme, le désir et l’amour fou, la métaphore et le merveilleux….
Ensemble de fusils : oeuvre d’André Robillard (entre 1982 et 1991)
1 allée du Musée 59 650 Villeneuve d’Ascq
03 20 19 68 68
La Villa Cavrois
Voilà un lieu improbable qui passionnera les fous d’architecture : une villa réalisée entre 1929 et 1932 pour une nombreuse famille du textile au sort malheureux ; car, outre les dommages liés à la guerre et l’occupation allemande, l’habitation n’est pas aimée des enfants Cavrois car elle défraye trop la chronique dans cette banlieue huppée de Lille où la richesse s’affiche habituellement par de grandes et cossues maisons anglo-normandes. Et pourtant….
Le lieu est magique, reflet du travail de Robert Mallet-Stevens qui a réalisé ici un chef d’œuvre mêlant des côtés industriels, hygiéniques à une épure de béton posé en verticalité et horizontalité sans presque aucune courbe.
La demeure tranche et ne reprend aucun des codes architecturaux régionaux : à l’opposé des châteaux ou grosses habitations bourgeoises, l’arrivée se fait par le côté comme un travelling de cinéma qui soulignerait les joints noirs et l’horizontalité des briques jaunes (pas rouges comme dans le coin !) collées au béton. Tout ici est orchestré pour que pénètre et règne la lumière dans la droite ligne des perspectives du parc.
Non vous n’êtes pas chez Ikéa ou Boffi et pourtant le lieu est pour l’époque très avant-gardiste avec une salle de bain pour chaque chambre, un ascenseur, un téléphone, un chauffage central…. Curieux paradoxe que cette propriété proche du château par ses dimensions, son agencement (aile séparée des enfants et des parents, fumoir pour les hommes) et en même temps si design et si précurseur (personnel logé au rez-de-chaussée, radio dans chaque pièce, cuisine laboratoire très hygiénique…).
En visitant les pièces progressivement remeublées uniquement par l’achat de mobilier ayant été dans la villa, on ne peut que s’émerveiller du souci des détails qu’avait Mallet-Stevens quant aux proportions des pièces, aux éclairages, aux accords des peintures en écho avec le parc ou les occupants, aux essences rares de bois…
C’est vraiment heureux que l’Etat ait pu, en 2001, reprendre la villa qui était abandonnée et squattée !
Après 13 ans de travaux, l’ouverture au public a eu lieu en 2015 et depuis, plus de 220 000 personnes ont visité la villa Cavrois.
60 av. John Fitzgerald Kennedy 59170 Croix
03 20 73 47 12
La Piscine de Roubaix
Chef d’œuvre des années 30, cette piscine dédiée au corps, à l’hygiène et au sport est devenue en 2001 un musée hors du commun.
Au XIX ème siècle, Roubaix, la ville aux 1 000 cheminées, était la capitale de l’industrie textile française et selon Jules Guesde, son député de 1893 à 1898, « la ville sainte du socialisme ». Toujours est il que dans cette ville industrieuse la population ouvrière explose et que dans les courées et cités les ouvriers de l’Europe entière vivent dans des conditions souvent très insalubres et l’hygiène est inexistante favorisant les maladies voire même les épidémies.
Dès 1912 se met en place l’idée de construire un temple consacré au corps tant pour le sport, le plaisir que la santé. Un esprit communautaire s’ajoute aux activités ‘eau’ de ces bains et piscine publics avec coiffeur, pédicure, salon, brasserie….
Le projet est confié à l’architecte lillois Albert Baert qui érige un monument années 30, une ode à l’Art Déco qui associe du béton moderne et teinté en rose à des briques de l’ancienne usine Hannart, à un Poséidon appelé le lion, à un portail en grès émaillé arabisant. Ultra luxueux pour l’époque, ce lieu était néanmoins très peu cher pour les adultes et gratuit jusqu’à 18 ans ; voulant ainsi être un lieu de mixité sociale. Derrière l’entrée majestueuse, les proportions théâtrales du lieu et la variété des détails architectoniques et décoratifs, une notion de sacralisation de l’hygiène s’affiche.
Etonnant ciment social pour les Roublaisiens, fatiguée et corrodée la piscine ferma ses portes en 1985 avant de les ouvrir à nouveau sous la forme muséale en 2001. Si les collections de La Piscine ne possèdent pas de réels chefs d’œuvre, elles n’en sont pas moins le reflet et le large éventail d’une période très précise de 1850 à 1930. Mais le cadre est tel qu’il a accueilli plus de 240 000 visiteurs en 2015 et plus de 3 millions depuis 2001.
23 rue de l’Espérance 59 100 Roubaix
toute info à www.tourisme-nordpasdecalais.fr
Certains visuels fournis par le CRT, la CMN ( JL Paillé)