Le charme feutré des monastères d’Arménie

Reporter, Patricia M. Colmant est partie en Arménie à la découverte de ses trésors cachés : les monastères de ce pays méconnu.

J’ai eu la chance, en septembre dernier, de partir à la découverte de la viticulture et de l’excellence des vins arméniens, fruit d’une culture millénaire qui a traversé les obstacles et les crises, notamment politiques, pour toujours mieux se réinventer. Et cette belle et goûteuse itinérance m’a fait aussi découvrir le charme feutré de ces multiples monastères lovés au pied d’une colline, triomphants en haut d’un promontoire, nichés à flanc de colline ou détachant leur silhouette arrondie sur une large plaine. Près de 4 000 édifices religieux, depuis la toute petite chapelle jusqu’au monastère aux nombreux bâtiments de tuf volcanique rosé, la plupart construits au moyen-âge, rappellent aux visiteurs que l’Arménie est le premier état chrétien. Une antériorité dont les Arméniens s’enorgueillissent encore aujourd’hui. A travers le pays chacun sait que le roi Tiridate a été converti par l’évangélisateur Grégoire l’illuminateur en 301 de notre ère et qu’il a fait de son royaume le premier pays au monde a être christianisé.

Le monastère de Kobayr

Cette spiritualité malmenée par les voisins perses, turcs, soviétiques et désormais azerbaïdjanais a nourri l’identité arménienne. Elle est encore très présente, même si les églises sont à peine plus remplies que les nôtres. Elles sont le reflet d’un patrimoine auquel la population est d’autant plus attachée qu’il a failli disparaître sous l’ère soviétique sur le thème : « du passé faisons table rase ». Finalement, seuls les plus récents édifices furent victimes de l’athéisme communiste, laissant à ce pays ce magnifique patrimoine séculaire. La production de vin rouge en revanche fut elle mise à l’arrêt. Staline avait décidé que le pays serait uniquement producteur de brandy à partir de raisin blanc…au profit de la Géorgie seule productrice de vin autorisée pour abreuver l’URSS.

Et donc, une myriade de petites coupoles, dômes, voûtes et autres bulbes parsèment le pays dont les plus célèbres et les plus spectaculaires sont ceux du monastère de Novarank, près de la ville d’Arénie, à 1h 30 de route au sud d’Erevan. Avec mon petit groupe, nous avons eu la chance de la visiter ; alors qu’une chorale de jeunes femmes se produisait, emplissant la coupole de leur chant cristallin. Magnifique.

Tympan du monastère de Novarank

Sur la route, arrêt au monastère de Khor Virap à une demi-heure au sud d’Erevan dans la région d’Ararat pour admirer ses khachkars, ces pierres à croix (plutôt que ces croix de pierre) gravées dans la roche locale qui ponctuent toute itinérance en Arménie. Les randonneurs, car ce pays est propice à ce type de découverte pour les bons marcheurs, en croisent aussi sur le sentier, telles des balises témoins de cette terre résolument chrétienne.

Autel d’un de ces milliers de petits monastères qui ponctuent le territoire du premier état chrétien de l’histoire.

Les kashkars sont des croix de pierre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les khachkars, spécifiques à l’Arménie, sont plus ou moins imposantes, mais souvent autour de 1 m10 de haut sur 0,70 m de large, posées debout et gravées de croix et d’ornements célestes, de figures géométriques, de végétaux et parfois de représentations de saints ou de Christ. Toujours très artistiques. Khor Virap est à l’ombre du mont Ararat qui culmine à 5 165 m pour le grand et à 3896 m pour le petit Ararat. Cet ancien volcan sur lequel s’échoua l’arche de Noé selon les textes bibliques, de l’Islam et de l’hindouisme, lors du déluge (daté à 4000 ans avant notre ère) reste un emblème pour l’Arménie. Mais il fut confisqué par les Turcs en 1921.

Le monastère Tatev

Le monastère de Geghard, à l’est de la capitale et à l’entrée de la vallée de l’Azat est un sanctuaire prisé : il a abrité pendant près de 500 ans la sainte lance qui perça le flanc du Christ sur la croix. Au pied d’imposantes falaises, ce monastère s’intègre dans ce beau paysage et illustre parfaitement l’art architectural médiéval à son apogée du XIIè et XIIIè. Tous ces monastères sont certes un peu sombres et mériteraient une restauration façon Notre Dame… Les poussières de prières, comme disent les artisans vitriers, issues des cierges qui y brûlent en permanence ont encrassé la belle pierre de tuf rose. Mais recueillement et présence de siècles de spiritualité créent une atmosphère apaisante que le visiteur ne manquera pas d’apprécier.

Souvent les monastères sont implantés dans des lieux isolés, s’adossant à la montagne pour y creuser les cellules des moines

Patricia-M. Colmant

L’ancien monastère Sevanavank fondé en 874 surplombe le lac Sevan, le plus grand du pays avec ses 1 400 km2.

https://armenia.travel

Certains visuels fournis par Armenia Travel

Le monastère d’Haghpat inscrit à l’Unesco

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