Le Carnaval de Rio est à Moulins au Centre National du Costume de Scène

A Moulins, dans l’Allier, le Centre National du Costume de Scène présente une fabuleuse et très colorée exposition autour du Carnaval de Rio.

Dès qu’on entre dans la première salle, on en a plein les yeux : paillettes, plumes, sequins, rubans soieries, brodequins, coquillages, brandebourgs, passementeries, pailles, broderies, boules de Noël….Des jaunes pétards, du vert pomme Granny Smith, des orange incandescents, du bleu fluo, de l’or et de l’argent scintillants dans un foisonnement de tissus chamarrés et de fibres synthétiques….

Une coiffe

Un bâtiment qui contraste avec l’exubérance de l’exposition

Cette ancienne caserne militaire du 18 ème siècle est superbe dans son classicisme ; même si pour cette exposition là elle contrecarre face à l’éclectisme, la créativité et le délire vestimentaire des tenues exposées. Après la cavalerie jusqu’au18ème siècle, c’est la gendarmerie qui a occupé les lieux jusqu’en 1981. Inadapté, en mauvais état ; le bâti a failli être démoli et on doit à Jack Lang une intervention qui l’a sauvé des marteaux piqueurs, ainsi que le classement de l’escalier en 1984.

En 2006 le monument est enfin ouvert après des années de restauration et le CNCS de conserver quelques 10 000 costumes de scène provenant des dépôts de l’Opéra de Paris, de la Comédie Française, de la BNF, de dons et de la collection du danseur Rudolf Noureev. Chaque année, le lieu sort des réserves des habits de scène autour de 2 thèmes d’exposition.

Un Arlequin vu par le Carnaval de Rio

Le plus grand spectacle de rue au cœur de l’Allier

Il est impossible de décrire la richesse et l’exotisme des 13 grandes salles abritant chacune une thématique liée au carnaval brésilien : bals masqués, écoles de samba, hommage aux peuples indiens, influences françaises, groupes, musique, bahianaises, ect….. D’où mon idée de développer pour vous quelques tableaux que j’ai adorés.

Costume d’influence française

Et avant toute chose, il faut bien comprendre que si certains costumes sont richement faits, la plupart utilisent des matériaux peu nobles (plastique, polystyrène, papier..). D’une part, le carnaval est un évènement populaire plébiscité par la population des favelas ; d’autre part, le jury qui décerne les prix est installé très en hauteur et doit avoir une vision d’ensemble du groupe de 100 à 300 personnes. Aucun intérêt à porter un vêtement raffiné : ce qu’il faut c’est une impression d’ensemble, ultra coloré et bougeant facilement au rythme des pas des danseurs.

Dans chaque salle des écrans de tv retranscrivent le défilé de la tenue exposée permettant de concrétiser la scène, le défilé et de voir le déguisement en mouvement.

Bandea et blocos, destaques : le rêve se concrétise

On s’émerveille devant chaque vitrine et chaque costume : le poids (entre 20 et 30 kgs), les formes biscornues avec force crinoline pour les robes de femmes, le bigarré des couleurs criardes, fluos, mais si gaies, la quantité d’accessoires accrochés aux vêtements (fleurs, fruits, rubans, boules de Noël, passementerie, grelots, miroirs, coquillages, plumes).

Les frappe-ballons

Modernes, surfant sur l’actualité cinématographique, les jeux vidéo, les BD ; les ‘bate-bolas’ littéralement ‘frappe ballons’ sont une sorte de clown européen des banlieues de Rio. En groupe, ils paradent dans les rues avec des costumes floqués, serigraphiés, lumineux. Dans leur main, une corde au bout de laquelle pend un ballon qui imite une vessie d’animale, divers accessoires comme parapluie, éventail. Ce foisonnement s’explique car le but de chaque groupe est la compétition et donc de surpasser les autres groupes.

Vous rirez bien devant la vitrine française car les clichés liés aux siècles passés, surtout ceux du Grand Siècle, sont théâtralisés. Tissus damassés brillants et garnis de sequins, satins ourlés de dentelles et soieries brodées à outrance ; chapeaux hétéroclites et perruques volumineuses chargées de fruits et de fleurs : même si le dérisoire ne tue pas, les Précieuses Ridicules ne sont pas loin et on est proche des excès du Marie-Antoinette de Coppola !

La vitrine de l’héritage africain rappelle que la tradition du carnaval remonte aux coutumes africaines. Les wax, grands imprimés et motifs géométriques sont omniprésents ; les matériaux de base de création du costume très rudimentaires (paille, coton, raphia) ; les ajouts relevant de rituels religieux impressionnants (cornes, dents humaines et animalières, amulettes d’os). Il faut offrir aux dieux des offrandes de fruits, des colliers de perles, des guirlandes de coquillages afin qu’ils donnent aux humains une force surnaturelle.

Le personnage le plus important de chaque défilé est le destaque ; ce qui signifie ‘sortir du lot’. Celui-ci est placé au sommet du char et porte un costume si lourd, si imposant qu’il ne peut pas danser. Vous reconnaitrez ces personnages à leurs bottes, leur coiffe volumineuse et l’auréole (esplendor) accrochée à leur dos, car cette dernière peut atteindre plusieurs mètres d’envergure.

Diverses coiffes

Lancinante la musique qui accompagne chaque école de samba, chaque groupe, vous suivra tout au long de votre visite. Et qui sait : peut-être danserez-vous aussi un moment, car voir toutes ces robes à crinoline tournoyer a un effet derviche-tourneur qui entraîne dans le délire, la transe ! Salle après salle, l’étonnement, l’émerveillement sont permanents : au-delà du folklore, les parades sont très hiérarchisées, règlementées. Si la fête domine tout, il faut rester dans la course pour le carnaval de l’année suivante et faire gagner son école de samba, surpasser le groupe voisin.

Vous reviendrez sur terre en vous attablant au café-brasserie décoré par Christian Lacroix, un couturier qui lui aussi a créé de nombreux costumes de scène.

CNCS

Quartier Villars

Route de Montilly

03 000 Moulins

04 70 20 76 20

www.cncs.fr

certains visuels de F Giffard

 

 

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