L’Arménie renoue avec succès avec ses racines œnologues
Reporter, Patricia M Colmant est partie en Arménie sur les traces du vignoble et des racines oenologiques de ce pays.
S’il est admis que l’Armenie fut le premier état chrétien, par la volonté du roi Tiridate IV, converti par Gregoire 1er l’Illuminateur en 301 de notre ère et Erevan, fondée il y a 2600 ans c’est-à-dire avant Rome, est la plus ancienne capitale occidentale, ce n’est que depuis 2007 que l’on sait que c’est aussi le berceau des plus vieilles installations viticoles découvertes à ce jour.
En effet des archéologues ont mis à jour, dans une grotte de la région dz Vayots Dzor, au sud-est du pays, un ensemble d’amphores et de jarres en terre cuite de fermentation, décantation, de filtrage, datant de 6100 ans, suffisamment élaboré pour prouver la maîtrise de la fabrication du vin et sa conservation.
Un héritage dont les Arméniens sont très fiers et qui les a confortés ces 20 dernières années dans leur volonté de développer une production de nectar rouge, rosé, blanc de qualité. Cette démarche est vivement encouragée par les autorités avec le soutien des instances « tourisme » de l’ONU et à l’invitation du comité du tourisme d’Arménie lesquelles ont organisé sur place une conférence internationale à la mi-septembre, afin de guider les acteurs locaux pour favoriser un tourisme à la fois patrimoniale et viticole qui soit authentique. Les opérateurs peuvent s’appuyer sur leur patrimoine unique de 360 cépages endémiques, un trésor exceptionnel que la volonté de Staline de le faire disparaître n’est pas parvenu à éradiquer. Lorsque l’Arménie est passée sous la férule soviétique en 1920, après les deux seules années d’une république indépendante qui avait fait naître un vent d’espoir au sein de ce peuple martyr du génocide turc, Moscou a décrété que l’URSS serait abreuvée de vin de la Géorgie voisine, tandis que l’Arménie se concentrerait sur la fabrication du brandy. Et comme l’église était elle aussi bannie de la vie quotidienne des républiques soviétiques, il n’y avait plus besoin de faire du vin de messe…Résultat, les Arméniens ont été contraints de négliger leur production vinicole pendant une cinquantaine d’années.
Depuis, les vignerons, certes, continuent d’être d’importants producteurs de brandy, mais le vin a repris ses droits ancestraux grâce à la demande et des initiatives individuelles comme celle de la famille Manadsarian qui gère le domaine de Tushpa à une petite heure au sud d’Erevan, dans la province d’Ararat. Mihran, le père s’occupe des vins rouges, un des fils des blancs, l’autre du marketing tandis que la mère assure accueil et repas de qualité pour les visiteurs. Nous avons goûté un blanc « kangun » frais, fruité aux petites touches de réglisse, des saveurs différentes de nos cépages classiques et un rouge « haghtanak » fait pour accompagner du gibier. Ils font aussi un excellent Muscat.
Autre petite propriété familiale dans la province de Vayots Dzor, le domaine d’Omd Bridge d’Armen et Ashlkhen Khalatyans. Le père, ingénieur, voulait changer de vie. En 1998, il se lance dans le « roi des vins rouges », l’Areni, un vin sec, charpenté, vieilli en fûts de chêne et du blanc Voskehat, cépage apprécié sur place. Avec ses fils, ils ne travaillent que leurs vignes, en agriculture bio, la mère assurant la cuisine de leur petit hôtel restaurant. Une belle étape vers le sud du pays et ses fameuses grottes où furent découvertes les jarres millénaires.
Cette volonté de re-dynamiser un savoir-faire ancestral est aussi partagé par de riches entrepreneurs comme Vahan Mkrtchyan qui a créé le domaine Armenia wine dans la province d’Aragatsotn. Le bâtiment d’architecture traditionnel abrite un joli petit musée du vin doté de très belles pièces antiques et une cave qui produit 12 millions de bouteilles… Dans le même ordre de grandeur, le richissime argentin Eduardo Eurnekian, a acheté des milliers d’hectares de friches au début du siècle, dans la province de Armavir, limitrophe de la Turquie. Il a fallu 3 ans pour épierrer et préparer quelque 400 hectares avant de planter les pieds de vigne. Désormais, le visiteur peut se promener à travers une trentaine de cépages endémiques à l’Arménie et déguster des vins très typés, marqués par cette terre volcanique qui méritait bien d’être redonner à son activité biblique de terre nourricière, non loin des flancs du mont Ararat où s’échoua l’arche de Noé.
Patricia -M. Colmant
Carnet
Air France et Transavia desservent Erevan plusieurs fois par semaine depuis Paris et la Province
A Erevan, hotel Tufenkian, info@tufenkian.am
150€ la chambre double avec petit déjeuner très copieux
Restaurants: Chinar, 782 your piece of Yerevan, Mov
Bars à vin : In vino, Decant
A visiter : les Cascades, le musée d’histoire, le goum ( les halles )
A paris, la seule cave à proposer des vins d’Arménie est Kenats au 69 Bis rue Brancion dans le XV ème arrondissement