L’apothicairerie de Troyes dans l’Hôtel Dieu le Comte

240 pots en faïence, mais surtout une collection unique de 319 boîtes médicinales en bois peint du début du 18 ème siècle ; telle est l’apothicairerie, ce petit joyau, que possède la ville de Troyes dans son hôpital l’Hôtel Dieu le Comte.

Débuté vers 1150 comme asile pour les pauvres de passage, les femmes en couche et les malades ; l’Hôtel Dieu le Comte autrefois administré par des religieux de l’ordre de Saint Augustin a été entièrement reconstruit à la fin du 17 ème siècle et ce sont ces beaux bâtiments là que nous pouvons admirer aujourd’hui. Administré à sa création par des religieux et des religieuses de l’ordre de St Augustin, l’Hôtel Dieu se laïcise progressivement, les religieux n’étant plus qu’infirmiers dès le 18 ème siècle. On y accueille tous les malades, les blessés et prisonniers de guerre ainsi que les nouveaux-nés abandonnés.

Le lieu a été médicalement fermé vers 1960.

Une grille aussi belle que celle de la place de Nancy

 Une pièce du 18 ème préservée depuis ses origines

L’apothicairerie est « préservée dans son jus », c’est-à-dire conservée telle qu’elle l’était lors de son installation au début du 18 ème siècle. C’est une grande pièce de belle hauteur sous plafond (5 m) avec des boiseries en chêne du 18 ème de style Louis XIV remontant à 1720.

Une échelle montée sur roues permet d’accéder aux rayonnages où sont entreposés pots en faïences et boîtes en bois.

Une partie du bâtiment et des jardins qui ont été reconstruits fin XVII ème siècle

La collection de pots de différents types (chevrette, bouteille, pilulier, pot à onguent) est intéressante. Néanmoins on s’amuse en lisant les noms de potions : huile de chien, huile de ver de terre.

Un patrimoine unique de 319 boîtes en bois

Mais l’intérêt de ce « musée » est la collection unique de boîtes en bois peint : 319 boîtes parallélépipédiques ou cylindriques décorées d’une cartouche elle-même ornée de volutes et de fleurs avec l’inscription en son centre du produit contenu. Angélique, corne de cerf, ongle d’élan, bourrache, poivre, lierre, rhubarbe, iris de Florence, rose de Provins, yeux d’écrevisses, semences froides, musc civette, pierres précieuses…..Quelques 5 boîtes endommagées ont dû être restaurées et des dessins du 16 ème sont apparus. On a conservé donc à ces 5 boîtes là leur décor d’origine.

Le miroir aux alouettes de la fontaine à thériaque

Autre curiosité de l’apothicairerie : la fontaine à thériaque en étain et bronze du 17 ème siècle. C’est un grand récipient décoré qui contenait l’un des plus vieux remèdes de pharmacopée inventé par Andromaque, le médecin de Néron. Pour lutter contre toutes les maladies et empoisonnements, contre les toux et contagions, les fièvres et morsures de serpent entre autres panacée universelle ; la recette se composait de 72 drogues qui allaient de l’acacia à la valériane en passant par l’anis, la chair de vipère, le miel et le vin d’Espagne pour les trois quarts.

Les superbes boîtes peintes en bois du 18 ème siècle s’appellent des silènes

Claude Bernard, célèbre médecin et physiologiste, raconte que lorsqu’il était apprenti préparateur en pharmacie son patron faisait verser dans le vase à thériaque tous les fonds de potions et les invendus qui mélangés constituaient une thériaque de « haute qualité » !!!

Recettes et drogues insolites à lire si vous avez le cœur bien accroché !

Adieu l’Antiphlogistine en pommade d’antan, bonjour les crottes de chien et roses de Provins : colorées et parfumées, des crottes de chien étaient utilisées comme cataplasmes pour les affections de poitrine.

Huile de petits chiens : « prenez deux petits chiens nouveaux-nés. On les coupera par morceaux, on les mettra dans un pot vernissé avec une livre de vers de terre bien vivants. Faites bouillir pendant deux heures jusqu’à ce que les vers soient bien cuits ». Vendu à l’époque de Molière, cette potion guérissait, paraît-il, les maladies de nerf, la sciatique et même la paralysie…..

Pour lutter contre les problèmes ophtalmologiques : de l’eau d’hirondelle ou de pie + du crâne humain râpé + de l’excrément d’un paon mâle.

Très rares et couteuses, les poudre de lune et de sympathie reposaient sur « une sympathie de la nature », sur une certaine vertu attractive « causée par les astres laquelle par la médiation de l’air est attirée sur la playe & se conjoinct avec elle afin que l’opération spirituelle monstre son effect ». Dans sa pièce Le Menteur, Molière évoque en 1643 ces potions et les compare à « une source de vie » dont on « voit tous les jours des effets étonnants ». De son côté, Madame de Sévigné en 1685 décrivait la poudre de sympathie comme un « remède tout divin » après avoir constaté les effets sur elle d’une cure. Dans cette potion, on faisait « bouillir dans du vin les graisses d’un sanglier et d’un vieil ours. On recueillait la graisse surnageante qui était mélangée à de la poudre de vers rôtis, à de la cervelle de sanglier séchée, à du bois de santal rouge, à des hématites et au crâne d’un homme mort par violence, d’un pendu s’il se peut » !

Une armoire à layettes du XVIII ème siècle

A la description de la composition de la poudre de lune, on remercie le Ciel de vivre au XXI ème siècle : ongle d’élan, magistère de crâne humain, huile de corne de cerf, fiente de paon, excrément desséché d’une femme qui a eu un enfant mâle à son premier accouchement.

Hôtel Dieu le Comte

15 rue de la Cité

10 000 Troyes

www.musees-troyes.com

www.troyeslachampagne.com

www.aube.fr

 

et un autre musée de Troyes

A Troyes le Musée de l’Outil et de la Pensée Ouvrière

 

 

 

 

 

 

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