JADE des empereurs à l’Art Déco

L’exposition au Musée Guimet sur le jade est si belle et riche qu’il m’a paru indispensable de réduire son descriptif et de me concentrer sur la partie la plus proche de nous, à savoir la période Art Déco.

Pierre éternelle et mythique, le jade a toujours fasciné les souverains et les hommes depuis les empereurs de Chine qui le considéraient comme une parure naturelle jusqu’aux grands joailliers qui le sublimèrent pour embellir les femmes. Le Musée Guimet consacre donc une exposition majeure à cette pierre en remontant à ses origines, ses couleurs, ses différents styles sous les diverses dynasties chinoises, sous les empires indien, ottoman, européen.

Une pierre éternelle aux multiples visages colorés

Substance naturelle, le jade ou yu est exploité depuis plus de 8 000 ans par prélèvement dans les montagnes et les lits de rivières en Chine, au Turkestan oriental, en Birmanie.

Collier de Cartier : commande de 1934 ; provenance B Hutton

Collier de Cartier : commande de 1934 ; provenance B Hutton

Le jade ne peut être facetté car sa texture compacte résulte de l’entrelacement de microcristaux de silicates. Pour être travaillé il doit être longuement poli avec un abrasif très fin.

De translucide à semi-opaque, la gamme de couleurs du jade est très variée, variant du noir au violet pâle en passant par l’orangé et le vert céladon ou le bleuté. Des impuretés dans la pierre telles que fer, manganèse, graphite expliquent ces différences chromatiques.

Une pierre pour les rituels des empereurs et des élites

La vision du monde en Chine étant différente de la nôtre, le souverain y est considéré comme un lien entre les mondes terrestre et céleste. L’empereur rend hommage au Ciel et à la Terre par des rites où le jade occupe une place privilégiée. Quelle que soit la dynastie, la fierté de l’empereur est d’avoir accès ou de conquérir des gisements de jade pour faire tailler ceintures, jades, plats à offrande, pots pourris, figurines.

Flacon à extrait, Cartier 1925

Flacon à extrait, Cartier 1925

Il en est de même pour les lettrés, les classes aisées. Dès le XII ème siècle les conquêtes introduisent le jade en Orient islamique et au XVII ème les jades séduisent les cours européennes. Les derniers jades entrés dans les collections des souverains français sont liés au sac du palais d’été de Pékin en 1860. Napoléon III et l’impératrice Eugénie constituent dès 1863 un ‘musée chinois’ à Fontainebleau.

L’Art Déco sublime le jade

Pendule mystérieuse avec divinité, sonnerie au passage ; Cartier 1931

Pendule mystérieuse avec divinité, sonnerie au passage ; Cartier 1931

Au début du XX ème siècle, c’est un joaillier comme Cartier qui participe à la formation de l’Art Déco et introduit sur la capitale un nouvel épisode pour le goût pour la Chine. Les créations horlogères, les ceinturons, les broches et bijoux en tout genre, les étuis à cigarettes sont autant de créations composées à partir de jade et serties de laque, de pierres fines. Le joaillier s’attache à respecter, souligner l’éclat naturel du jade ou la forme d’une de ses veines en soulignant par des sertissages d’or, de platine, de points de diamant, des perles.

Cartier compta parmi ses premières clientes l’impératrice Eugénie, les américaines Mona Bismarck et Barbara Hutton ainsi que la famille Vanderbilt.

Pendule de Cartier ; 1927

Pendule de Cartier ; 1927

 

Jade des empereurs à l’Art Déco

Du 19 octobre 2016 au 16 janvier 2017

Musée National des Arts Asiatiques – Guimet

6 place d’Iéna

75116 Paris

 

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