Il n’y a pas que le vieux port à Marseille !!
Belle découverte du Palais de Longchamp à Marseille, dans la belle cité phocéenne.
Quand on arrive à la gare Saint-Charles de Marseille, le premier reflèxe, la première envie, c’est de descendre jusqu’au vieux-port, flâner autour des étals de marins pêcheurs, écouter le clapotis de l’eau sur la coque des bateaux, entendre le claquement des drisses le long des mâts, filer vers le Mucem et glisser le regard à travers sa résille d’acier. Mieux encore, prendre une vedette pour rejoindre le mythique château d’If et admirer cette rade unique entre les îles du Frioul, au sud et la plage des Catalans au pied de la chaîne de l’Estaque au nord.
Quelque soit le temps, on n’est pas déçu. Pour autant, à notre dernière visite, on a bifurqué à gauche au pied de la volée d’escaliers de la gare et, par les petites rues parallèles au boulevard Voltaire, en remontant vers le nord, on a fait une belle découverte : le Palais de Longchamp. Cet ensemble monumental est tellement inattendu avec ses colonnades, ses sculptures, avec ses jets et cascades d’eau qui rappellent qu’en fait il s’agit du premier château d’eau de la ville inauguré en 1869. Il a rempli son office jusque dans les années 70.
Son histoire remonte à 1834-35, lorsque deux épidémies de choléra qui firent 3441 morts frappèrent la cité phocéenne en raison de problèmes d’eau. Les édiles sortirent des cartons un projet du XVIè de captage des eaux de la Durance. Entreprise « pharaonique » dans la mesure où elle nécessita de creuser un canal de 85 km pour détourner les eaux venant des Alpes, assorti de 18 aqueducs. La dérivation nécessita 10 ans de travaux.
L’aménagement marseillais de l’ouvrage, sur le plateau de Longchamp fit l’objet de nombreuses tergiversations de la part de la ville. Elle fit même appel à Auguste Bartholdi, pour finir par se tourner vers le jeune architecte Henri Espérandieu qui terminait la réalisation de la basilique Notre-Dame de la Garde. Un cahier des charges précis est arrêté, inspiré semble-t-il du projet de Bartholdi. Le château d’eau doit se situer à 73 m d’altitude au pied du parc de 8 hectares où était déjà installé et ce jusqu’en 1987, le zoo de la ville. Aujourd’hui il reste encore quelques cages d’animaux. L’ensemble architectural néo-classique est grandiose. Au centre, un pavillon enserre un arc de triomphe, le tout flanqué de deux ailes abritées par des colonnades monumentales. Bartholdi intenta d’ailleurs un procès à la ville au nom de sa paternité de l’idée… Elles se prolongent par deux corps. L’un abrite le musée des beaux-arts et l’autre le muséum d’histoire naturelle.
Au centre de belles cascades et leurs énormes coquilles marines qui débouchent après un large bassin, sur deux portails dans l’axe du boulevard de Longchamp. Des statues de lions, de tigres, de mouflons et de sanglier dévorés accueillent le visiteurs, art animalier dû au talent de Barye. Les édiles marseillais voulaient du grandiose dans la veine des aménagements à travers la France sous Napoléon III.
Les richesses sculpturales de ce palais sont tellement nombreuses qu’une après-midi de visite suffit à peine à en faire le tour. Les deux musées sont identiques mais dotés de décorations propres. Richement doté, le musée d’histoire naturelle possède 83 000 spécimens d’animaux et 200 000 végétaux sans parler des milliers d’échantillons minéraux et il organise de nombreuses conférences. Celui des beaux-arts a bénéficié d’une rénovation d’ampleur de 2005 à 2013, année de Marseille capitale de la culture européenne, mettant en valeur les collections des œuvres françaises, italiennes, et nordiques notamment.
A l’issue de la visite de ce palais de Longchamp, on est redescendu vers le port par la Canebière. Le contraste entre ces deux univers est saisissant, à l’image de cette ville cosmopolite qui bruisse de tous les accents.
Patricia-M. Colmant
La visite du Palais est gratuite, boulevard Jardin zoologique 13004 Marseille
Certains visuels fournis par PCOTCM et hkotcm