Exposition Zadkine et Modigliani : leurs univers croisés « troncs, visages et mélancolie »
Modigliani / Zadkine : Une amitié sculptée dans le temps
Actuellement au Musée Zadkine, l’exposition « Modigliani / Zadkine : une amitié interrompue », visible jusqu’au 30 mars 2025, explore la relation artistique entre Amedeo Modigliani et Ossip Zadkine, deux figures emblématiques de l’École de Paris. Cette immersion dans leurs univers respectifs met en lumière une quête commune : celle de l’épuration des formes et de la rupture avec les canons académiques.
Une inspiration croisée
Arrivés à Paris à quelques années d’intervalle – 1906 pour Modigliani, 1910 pour Zadkine –, les deux artistes puisent leur inspiration dans l’art primitif, de l’Égypte antique aux sculptures khmères et africaines. L’exposition présente des œuvres qui témoignent de cette influence, notamment dans la recherche de la simplification des traits, que Modigliani applique à ses célèbres portraits énigmatiques et que Zadkine transpose dans ses sculptures aux formes stylisées.
J’ai particulièrement été marqué par le travail de Zadkine sur les troncs d’arbres : cette manière qu’il avait de donner une seconde vie à la matière brute, en sculptant des formes organiques et expressives, confère à son œuvre une puissance presque primitive. L’Oiseau d’or, avec ses lignes pures et sa dimension onirique, m’a aussi profondément touché. Zadkine savait capter l’essence du vivant dans ses créations, entre équilibre et mouvement.
Le mystère des visages de Modigliani
De son côté, Modigliani reste fascinant par son approche singulière du portrait. Ses figures allongées, aux yeux parfois vides ou à demi-clos, dégagent une profondeur troublante, une sorte de mélancolie silencieuse. J’ai été captivé par cette capacité à révéler une présence presque hypnotique à travers des visages d’apparence si simples, mais en réalité d’une immense complexité émotionnelle.
Une amitié brisée par la guerre
La Première Guerre mondiale met brutalement fin à leur proximité. Tandis que Modigliani, affaibli par la maladie, abandonne la sculpture sur les conseils de son marchand Paul Guillaume, Zadkine s’engage dans la Légion étrangère et en ressort blessé. Leurs chemins ne se recroiseront que brièvement avant la mort prématurée de Modigliani en 1920.
Une expérience immersive au Musée Zadkine
En plus de la scénographie soignée de l’exposition, le musée propose des visites nocturnes à la lueur des bougies, offrant une expérience intimiste et poétique. Une façon unique de ressentir l’âme de ces deux artistes dont le dialogue, bien que brisé par les épreuves, résonne encore aujourd’hui.
Cette exposition est une véritable plongée dans l’alchimie artistique de deux figures majeures du XXe siècle. Un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’art et d’histoires humaines gravées dans la pierre et la toile.