Exposition : Illusions (conjugales) perdues à la Maison de Balzac

Cette exposition Illusions (conjugales) perdues à la maison de Balzac ne manque pas de piquant ; le mariage étant dans la ligne de mire.

Voilà une exposition qui va en amuser plus d’un ; car elle demeure au-delà de son aspect satirique plus vraie que jamais dans ses fondements même. Tant sur le plan matériel que moral, spirituel ; l’institution du mariage est au XXI ème siècle réellement mise à mal et le grand écrivain que fut Balzac l’avait sous sa plume déjà maintes fois évoquée, dénoncée.

Il faut faire une fin : je l’épouse, dessin de Victor Adam

La Maison de Balzac et les crayons de dessinateurs contemporains du romancier évoquent donc le thème du mariage au XIXe siècle.

Sans être féministe au sens actuel, le thème ici abordé est celui du mariage au XIXe siècle. Grâce à la plume de l’écrivain et aux crayons de dessinateurs contemporains de Balzac, le seul écrivain qui manifeste de l’empathie pour les femmes blessées, évoque des thèmes que la littérature mettra parfois plus d’un siècle à admettre, comme la nécessité d’une entente charnelle dans le couple, les conséquences sur la vie sentimentale de l’ablation d’un sein, le viol conjugal…

La modernité de sa pensée sur des sujets qui restent hélas toujours d’actualité apparait à travers diverses citations et croquis.

Le mariage au XIXe siècle, est souvent déterminé par des considérations sociales ou nancières. Le résultat presque toujours funeste avec des unions arrangées qui sont présentées sous les dessins ironiques des Victor Adam, Honoré Daumier, Gavarni, Grandville, Henry Monnier, Émile-Charles Wattier.

Grandville (Jean Ignace Isidore Gérard dit, 1803-1847). « Les Métamorphoses du jour. Un mariage de raison. Lithographie coloriée, 1829.

A vous tous les méandres de La Comédie humaine où le jeune homme recherche une maîtresse qui lui ouvre les portes de la réussite. Quant aux femmes, trois catégories s’offrent à elles : celles « comme il faut », épouses ou jeunes filles à marier ; celles « comme il en faut », à savoir des jeunes femmes qu’un statut précaire contraint à rechercher un protecteur (actrices, modistes, bouquetières…) ou les prostituées ; celles qui, au regard des canons de l’époque, ne peuvent susciter de passions parce que jugées trop âgées ou usées par leur travail (veuves, portières, garde-malades…).

En ces temps-là, les mariages sont souvent désaccordés et la femme est la reine et l’esclave du foyer domestique. La jeune fille a été préparée à tenir à la maison en lui interdisant toute réflexion, l’histoire, la philosophie ou les mathématiques étant susceptibles de nourrir leurs velléités d’émancipation.

Si le mariage d’inclination existe, l’union est souvent au XIXe siècle une affaire commerciale, surtout dans les milieux aisés. Bien des parents souhaitent établir leur fille à moindre coût, certains sont prêts à la vendre, voire à la prostituer. De même, les jeunes hommes sont parfois contraints de renoncer à leurs aspirations amoureuses pour épouser de riches veuves ou des héritières fortunées.

De Daumier ‘heureusement ton épicier de mari dort, le cornichon!

Différences d’âge, incompatibilités de mœurs, toutes ces dissymétries font le bonheur des caricaturistes, à défaut de faire celui des époux. Balzac a dénoncé ces dissensions avec une lucidité d’autant plus sidérante qu’en son temps, la plupart de ces sujets étaient entièrement occultés.

Je vous conseille cette exposition bien amusante car souvent si actuelle !!!

Monnier, Henry Bonaventure, Un mariage de raison Les propriétaires sont des maris fort aimables dit la tante qui ne veut plus payer de loyer (Titre inscrit (lettre)), 1827. Lithographie coloriée sur papier vélin. Maison de Balzac.

Du 20 novembre 24 au 30 mars 2025

Maison de Balzac

47 rue Raynouard

75 016 Paris

01 55 74 41 80

en ouverture d’article le visuel du mari dormeur d’Honoré Daumier

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