Expo Le Crin au Musée de la Toile de Jouy

Le Musée de la Toile de Jouy à Jouy-en-Josas célèbre l’union entre l’univers équestre et l’art textile à travers une exposition révélatrice : Le Crin dans tous ses éclats.

Le cheval a vraiment été à l’honneur cet été 2024 avec une exposition dans le château de Versailles et au bout de son grand canal les épreuves équestres des JO.

Des applications multiples à ce fameux crin

Il était logique que le Musée de la Toile de Jouy, lui aussi, revienne sur son rôle emblématique dans la région, où la noblesse et la bourgeoisie prenaient plaisir aux chasses à cheval, inspirant ainsi des œuvres iconiques de la Manufacture Oberkampf fondée par Christophe Philippe Oberkampf en 1760.

La Chasse à Jouy d’après un dessin d’H Vernet

L’exposition est courte mais fort intéressante et le mobilier contemporain cotoye les éléments militaires d’antan, les premières brosses d’hygiène, les archets de violon et les crinolines des élégantes. ‘Le crin dans tous ses états’ présente une sélection minutieuse de pièces illustrant les multiples facettes et usages du crin de cheval explorant ainsi les nombreuses applications de cette fibre aux propriétés physiques et esthétiques uniques.

Le crin millénaire

Depuis la Préhistoire, le cheval occupe une place centrale dans les sociétés humaines. Initialement chassé pour la nourriture et les matières premières, il est domestiqué dès le 5e millénaire avant notre ère, devenant un compagnon indispensable pour l’agriculture, le transport et la guerre. À partir du 16e siècle, le cheval incarne le prestige et la puissance, notamment grâce aux chevaux royaux élevés dans les académies d’équitation et les haras nationaux.

Depuis les sociétés préhistoriques, le crin était utilisé comme fil de couture pour assembler les peaux, jusqu’au 18e siècle où son utilisation se diversifie. En effet, le crin de cheval est apprécié pour sa résistance, sa rigidité, sa durabilité et sa brillance. Employé en agriculture pour la fabrication de cordes et de harnachements, en milieu militaire pour le décor des uniformes et éléments de parade, ainsi que dans l’hygiène et la santé pour confectionner ustensiles et fils de suture, le crin de cheval trouve également sa place dans l’univers de la musique, pour la fabrication des archets d’instruments à corde. Il est aussi utilisé pour le rembourrage de chaises et de fauteuils. Avec l’avènement des matériaux synthétiques au 20e siècle, le crin de cheval, désormais rare et précieux, est principalement réservé aux objets de luxe.

Brosse à dents en nacre, crin, corne et or (1820)

Le crin pour la décoration d’intérieure

Le crin de cheval est non seulement utilisé dans sa forme brute, mais également tissé pour créer des étoffes remarquables. Son tissage est documenté dès le début du 17e siècle en Europe, mais il était déjà utilisé depuis longtemps dans les sociétés asiatiques pour créer des accessoires et des vêtements symbolisant le pouvoir et la richesse. En Europe, le tissage du crin se développe au 18e siècle et aboutit à la pose d’un brevet en 1787. Des architectes-décorateurs renommés comme Thomas Chippendale et Charles Rennie Mackintosh intègrent ce matériau dans leurs projets d’ameublement et de décoration.

Fauteuil dont la garniture est en crin de cheval

Les fibres de crin, provenant principalement de la queue du cheval, sont travaillées sur des métiers à tisser Jacquard. Métaphores est un atelier en France perpétue ce savoir-faire traditionnel et produit principalement des tissus d’ameublement et des rideaux.

Le crin vêtement ?

Employé pour structurer les costumes masculins et féminins au 15e et 16e siècles, puis fibre tissée au 17e siècle pour renforcer les jupons ; le crin a de tout temps servi le vêtement. Mais c’est au 19e siècle que l’invention de la crinoline a marqué un tournant majeur, le transformant en un matériau de mode incontournable pour les jupons et les bas de jupe. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tissage de crin a été utilisé en remplacement du cuir par des maisons de maroquinerie de luxe comme Hermès.

Capote en velours, paille et crin (1850 – 1853 )

Aujourd’hui l’utilisation du crin est moins répandue dans la mode en raison de sa malléabilité limitée et de sa disponibilité restreinte. Il reste un matériau privilégié par les grandes maisons de couture.

Château de l’Eglantine

54 rue Charles de Gaulle

78 350 Jouy en Josas

01 39 56 48 64

museedelatoiledejouy.fr

expo jusqu’au 12 janvier 2025

 

Certaines photos fournies par le musée et G.Le Boulicaut

Tissage d’une étoffe de crin pour Métaphores

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