Darius de JB Patricot au Lucernaire

Darius est une excellente pièce de théâtre autour de l’amour filial et de l’émotion olfactive.

Un pur moment de grâce, de douceur.

La longue phrase de Proust dans ‘Du côté de chez Swann’ résume à elle seule presque toute la pièce : « quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »

Le fils de Claire est atteint d’une maladie dégénérative et des 5 sens seul demeure celui de l’odorat. Eperdue d’amour pour son fils Darius dont la fin de vie est proche, cette mère veut lui offrir encore quelques fugaces moments de bonheur en sollicitant un parfumeur afin que par la création de parfums il fasse revivre à Darius des lieux, des personnes qu’il a vus ou rencontrés.

Cette pièce est d’une rare sensibilité, d’une tendresse démesurée, d’un amour filial infaillible, d’une émotion si touchante, d’un humour si léger et précieux que je ne peux que vous exhorter à aller la voir.

Catherine Aymerie, la mère si touchante de Darius

Elle se déroule, non pas via le dialogue entre la mère et le nez, mais par l’intermédiaire d’échanges de langues entre eux. Le créateur de parfums va refuser au début ne voulant plus créer depuis la mort de son épouse ; mais s’incline face à l’impossible que lui demande cette mère. Et l’aide olfactive à aller vers la mort de Darius le pousse, lui le nez, à retrouver goût à la vie.

Suivent des échanges épistolaires où se mêlent reconnaissances, déceptions, tendresses infinies, énervements passagers permettant à Darius de voyager à nouveau dans telle ou telle ville, de visiter un être cher. Comme quoi même en fin de vie, il peut toujours y avoir une lumière, des êtres qui font espérer et vibrer. Ces jours-ci la pièce est plus que d’actualité en un moment où est discutée l’euthanasie par nos dirigeants ; une vraie réflexion se faufiler dans le cœur de chacun.

Un immense bravo aux deux acteurs Catherine Aymerie et François Cognard qui interprètent formidablement ces correspondances : l’amour, l’humour, la délicatesse, la force des uns et la faiblesse des autres sont par eux décrites avec tant de sobriété et d’émotion qu’on ne peut que les remercier de ce moment de grâce qu’ils nous offrent.

François Cognard est le comédien qui joue le ‘nez’

Le Lucernaire

53 rue Notre-Dame des Champs

75 006 Paris

www.lucernaire.fr

01 45 44 57 34

PS attention : la pièce est au 3 ème étage d’un petit escalier abrupt et des personnes handicapées ne pourront y accéder que très difficilement

-->
Show Buttons
Hide Buttons