Bernard Depoorter ou l’Art des fleurs en soie

Quand la manufacture Bernard Depoorter transforme les fleurs en Art et que ces soyeuses fleurs deviennent un herbier vivant….

Visite des ateliers à Wavre

Quelle particularité avaient en commun les divinités égyptiennes, les aristocrates chinoises durant tout le 1 er siècle de notre ère, les amantes du roi Louis XIV, la reine Marie-Antoinette, l’impératrice Eugénie de Montijo et plus récemment les princesses Anne de Bourbon des Deux Siciles, Astrid et Claire de Belgique ?

Bernard Depoorter

Toutes portaient ou aiment à porter dans leurs cheveux, sur leurs robes d’apparat, des fleurs artificielles, le plus souvent en soie !!

La parure florale sur une perruque ou un chapeau surdimensionné est-elle démodée ? Assurément, en regard de notre vie assujettie à la voiture et à l’épure vestimentaire initié par une certaine Coco Chanel ? Mais pas aux yeux de Bernard Depoorter et de Maryse Genet qui oeuvrent dans l’unique manufacture de fleurs en soie de Belgique. Redonner vie aux accessoires de mode des élégantes d’antan (bibis, éventails, gants, voir même corsets) ; se réapproprier leur façon de vivre en l’adaptant aux temps modernes par la pose d’une belle fleur sur une robe longue, une ceinture, une broche de cheveux, à la boutonnière d’un smoking ou d’une jaquette pour les hommes : tel est le souhait de Bernard Depoorter.

Une inestimable collection de 8 000 outils anciens

Comment est donc né cet inédit bouquet de fleurs installé au cœur de Wavre ?

Autodidacte et sans études supérieures de stylisme, mais bercé par des ancêtres pétris d’amour de l’art et du beau ; Bernard Depoorter a toujours été dès son enfance passionné de mode. Tentant sa chance à Paris, des stages chez les plus grands couturiers (Sirop, Sorbier, Scherrer et Dior) le confortent dans sa passion pour le végétal, les tissus et la réalisation de pièces qui sortent de l’ordinaire. Il ouvre une maison de couture à Wavre, réalise des défilés et crée des tenues pour diverses célébrités. Mais bientôt le microcosme du luxe et de la mode vacille à cause du Covid. Une balade en Charente-Maritime lui permet de découvrir une collection étonnante : quelques 8 000 outils anciens dédiés à la parure florale et provenant de 11 maisons parisiennes.

Vrac de fleurs

Qu’à cela ne tienne, il rachète le lot et décide de recréer un atelier de fabrication de fleurs en soie. Dans un instant de folie pourraient dire certains, dans « l’œuvre de sa vie » explique Bernard Depoorter. Avec l’aide de sa collaboratrice, Maryse Genet, une historienne de l’art et plasticienne formée en peinture, impression textile ; il décide de sauver un patrimoine artisanal lié à son ancien métier de couturier et ouvre l’unique manufacture belge de fleurs en tissu.

« Mignonne, allons voir si la rose …. »

Et le quadragénaire de pouvoir s’enorgueillir d’être aujourd’hui le seul en Europe à bénéficier, avec Chanel, de tels outils professionnels ; certains gaufroirs remontant à 1777.

C’est avec beaucoup d’émotion que l’on peut visiter et admirer ces trésors pour la fabrication de fleurs en tissu, des merveilles qui revivent sous le travail et les mains de ces artisans passionnés.

Le temps a fait son œuvre et l’usure et la rouille des outils est bien présente ; mais c’est tellement inédit et surtout admirable de voir ainsi des presses anciennes, des rangées entières de moules et formes obtenues par la technique de la cire perdue permettant la reproduction de tous les types de végétaux existant sur la planète. Là de nombreuses formes pour les seules nervures des feuilles de rosiers ; là des moules pour des plantes médicinales ; plus loin des formes imposantes pour la feuille d’agave ou minuscules pour les fleurs de sureau.

instruments pour gaufrer

Découpe, gaufrage, presse, peinture à la main des fleurs découpées : la minutie, la délicatesse, la patience, l’excellence sont omniprésentes dans l’élaboration d’une parure florale en un défi à l’actuelle modernité qui semble avoir oublié ces valeurs essentielles à l’artisanat.

Les flacons de peinture s’lignent pour peindre les fleurs

Si la Maison Chanel a choisi le camélia, Yves Saint Laurent le lys, Dior le muguet ; Bernard Depoorter aime avant tout les roses et le gardénia. Dame Nature offre dans le végétal une multitude de formes, de couleurs, de dégradés ; mais rien n’est plus exaltant pour lui de créer ses fleurs fétiches, d’expérimenter, d’oser et de créer des fleurs et des plantes inattendues.

A la découpe

Les idées et le travail ne manquent pas à la petite équipe Depoorter qui travaille avec des botanistes, des historiens d’art, des archivistes dans un but et esprit d’archéologie industrielle, de laboratoire de recherche et de protection patrimoniale d’un réel savoir-faire. On ne peut que souhaiter à Bernard Depoorter et Maryse Genet que les commandes de particuliers, de maisons de couture, de costumes pour le cinéma et l’opéra suivent sa passion, vivifient sa marque. Qui sait, une robe ourlée de fleurs de Depoorter gravira peut – être l’an prochain les tapis des festivals à Cannes, Venise, Berlin, Toronto et Sundance ! On le souhaite à Bernard Depoorter.

Bernard Depoorter

39 rue du Béguignage

1300 Wavre

+32 472 22 36 98

 

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