Trésors artistiques des boucles de la Seine

Patricia M. Colmant est partie »naviguer » sur les boucles de la Seine pour en découvrir les trésors patrimoniaux.

Aux abords du musée Berthe Morisot, à Bougival il faut faire preuve d’imagination.

Le musée contemporain et épuré autour de la peintre Berthe Morisot dont le portrait est affiché

Oubliez ce bord de route au pied de l’entrée, l’agencement de cette courette entre bitume et béton assez mal commode et songez qu’avant la création de la route, tout le terrain autour était l’amorce du grand jardin de cette peintre d’exception, il y a 150 ans. Elle y puisait une partie de son inspiration.  C’est dans cette maison où elle passa les étés de 1881 à 1884 que cette artiste, qui fut la seule femme cofondatrice du mouvement impressionniste, a peint la plupart de ses chefs d’œuvre. Dans ses mémoires, sa fille Julie écrit que c’est là que sa mère « a vécu les moments les plus heureux de sa vie ». Cette jeune femme de la bourgeoisie a très vite montré sa volonté d’être peintre ce qui, à l’époque était considéré, au mieux, comme saugrenu ou malséant. Mais sa mère l’encourage. Et pire, elle rompt avec les règles académiques de la peinture. Elle fonde avec Claude Monnet, Auguste Renoir et d’autres le groupe des Artistes Anonymes Associés qui donnera naissance au mouvement impressionniste. Elle se lie d’amitié et pose pour Edouard Manet dont elle épousera plus tard le frère, Eugène. Mais pendant près d’un siècle, elle fut considérée comme une artiste mineure, parce que femme…

C’est dans cette maison que B.Morisot a peint la plus grande partie de ses toiles

Cette maison a été acquise puis réhabilité par la municipalité qui l’a très astucieusement aménagée en un musée doté de toutes les présentations et technologies modernes. L’atmosphère toute de blanc, y est douce et très lumineuse. Certes, il n’y a pas d’œuvre originale de l’artiste (à l’exception d’un charmant visage d’enfant au crayon), seulement des copies de bonne facture, mais l’agencement des pièces permet de découvrir et mieux comprendre la créativité de cette artiste restée si longtemps dans l’ombre de ses contemporains masculins.

Cette découverte est enrichie par la promenade thématique le long de la Seine « Destination impressionnisme » depuis Port-Marly sur le chemin de halage ponctué d’une douzaine de tableaux. Un rappel que ces peintres de Monet à Caillebotte, de Sisley à Pissaro, tous épris de liberté, ont délaissé leur atelier pour planter leur chevalet en plein-air. Le paysage au long des berges de la Seine a changé, mais pas les méandres du fleuve et leurs reflets qui les ont inspirés.

Le château de Monte-Cristo à Port Marly qu’Alexandre Dumas s’est offert après quelques succès littéraires

A quelques kilomètres, l’occasion est trop belle de s’immerger dans l’imaginaire d’Alexandre Dumas au sein du château de Monte-Cristo, à Port-Marly. En 1844, fuyant les créanciers, l’écrivain s’installe à Saint-Germain-en-Laye, repère un grand terrain avec vue sur la Seine et se fait construire deux bâtisses au cœur d’un parc à l’anglaise avec cascades, rocailles et grottes. Sur la hauteur, une petite « folie gothique », son « château d’If » où il installe son bureau. Cette maison de cailloux roses et de pierres de taille blanches abondamment sculptée domine le « château de Monte-Cristo » néo-renaissance. Son pavillon de campagne de deux étages est très richement orné. Chaque recoin de sa façade propose une sculpture animale, un bas-relief végétal, véritable vitrine de l’art de la taille de la pierre. Au-dessus de la marquise qui protège le perron, l’écrivain a fait sculpter son visage…

Dans le parc la folie d’A. Dumas où il se réfugiait pour écrire

La visite de l’intérieur du château, un must, est une occasion de mieux comprendre les extravagances de ce génie littéraire qui s’était même fait aménager un salon mauresque joliment restauré.

Nous avons eu la chance de passer la nuit au Pavillon Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye dont la vue sur la Seine avec en toile de fond la « skyline » de Paris est superbe. L’établissement planté au cœur de l’ancien château de Saint-Germain s’honore d’une aile qui abrita la naissance de Louis XIV. Le roi y a vécu jusqu’en 1682. Le site est magnifique, le cadre luxueux. L’histoire de ce bâtiment est l’occasion de réviser des épisodes clés de l’histoire de France…

Patricia-M. Colmant

Maison de Berthe Morisot, 1 av de la Drionne 78380 Bougival   0139692123

www.versailles-tourisme.com

Château de Monte-Cristo  ch du Haut des Ormes 78560 Le Port-Marly   0139164949

www.chateau-monte-cristo.com

Pavillon Henri IV, 19 rue Thiers 78100 Saint-Germain-en-Laye   www.pavillonhenri.fr

Le long de la Seine un panneau du sentier des impressionnistes

En ouverture : à Saint Germain en Laye, vue depuis le Pavillon Henry IV  sur la Seine et au loin Paris

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