Art contemporain à Caen pour son millénaire
Pour célébrer ses mille ans, Caen se mue en musée d’art contemporain à ciel ouvert.
Caen, la ville aux cents clochers, a 1000 ans. Du moins, c’est ce que laissent supposer les archives qui mentionnent « Cadomus », un bourg non loin des côtes de la Manche. Il va devenir la capitale de la Normandie de Guillaume le Conquérant dont la femme, la reine Mathilde, immortalisa, à travers la sublime et émouvante tapisserie de Bayeux, la prouesse d’avoir envahi l’Angleterre en 1066.
La bataille d’Hasting, c’était 31 ans après la création de la ville que Guillaume devenu roi d’Angleterre, va développer à son retour en France. Il fait construire le château fort aujourd’hui lieu culturel et musée de la ville dont les remparts font face à l’église Saint-Pierre du XIII et XIV è, elle même voisine du bel hôtel d’Escoville du XVIè. Celui-ci accueille l’œuvre de deux sculpteurs Martine Feipel et Jean Bechameil qui s’inscrit dans ce parcours d’art contemporain dont le plus grand attrait et de valoriser l’art ancestral de la ville.
Car en effet, de son passé glorieux, il reste de superbes vestiges que la ville a restauré au fil des décennies après les dommages du débarquement de 1944. Ce millénaire est l’occasion d’une mise en valeur de cet héritage avec une touche de modernité par le truchement d’une quarantaine d’œuvres contemporaines exposées le long d’un parcours en plein air. Les créations se veulent « un dialogue avec le patrimoine » selon le mot de Mathias Courtet, directeur artistique du Millénaire. Ainsi, Elvire Bonduelle a créé une sculpture en fer forgé de 37 m de long posée au pied des remparts. Intitulée « Iron will » ( volonté de fer) elle se veut une évocation de soldats en armure, on imagine, ceux qui accompagnaient Guillaume. L’artiste a aussi dessiné un drapeau sur lequel on devine « Dex Aie »,- Dieu à l’aide- cri de guerre du Conquérant. Un clin d’œil graphique sinon esthétique qui ne devrait toutefois, pas effacer l’attachement des Normands aux deux léopards d’or sur fond rouge qui ornent l’étendard régional.
Certes, l’inauguration du Millénaire a été lancée en mars, suivie d’une somptueuses (et très onéreuses à 2 millions d’euros) parade le 9 mai, mais les grandes animations se poursuivent tout l’été à partir du week-end de la fin juin. Ainsi, Le Belem, le Renard et 46 autres gloires maritimes, représentant les 48 communes de l’agglomération Caen La mer paraderont le jeudi 26 sur le canal de Ouistreham au port de Caen. Ces bâtiments resteront à quai afin que le public puisse les visiter. Une illustration de l’ancrage maritime de cette ville implantée au cœur d’une vaste plaine agricole réputée pour son élevage, ses cultures céréalières et le lin qui firent sa richesse. Ce lin qui bleuit la plaine en mai, il en est question à travers l’œuvre de Nine Hauchard, une jeune caennaise qui expose une tenture en lin où se mêlent techniques anciennes et modernes de tissage dans la Tour du Bedeau du château.
A deux pas de la mairie, l’ancien tribunal, le palais Fontette s’illumine des photographies éphémères et en trompe-l’œil de Georges Rousse tandis qu’une « folie » ou petite architecture de fête comme à Versailles tient compagnie à la statue de Louis XIV, place Saint-Sauveur.
Le parcours mène le visiteur à travers toute la ville. Citons encore le « 101è » clocher qui ponctue la Presqu’île, oeuvre du Studio 5.5, plus sapin de Noël que flèche vers le ciel quand il s’illumine la nuit d’un rouge vibrant comme ce nouveau quartier. Enfin, Michel Bassompiere, sculpteur naturaliste dans la lignée de Pompon propose 10 sculptures magistrales, gorille, ours brun ou polaire, entre Caen et Ouistreham, à voir jusqu’au 3 novembre.
Patricia-M. Colmant
Office du Tourisme de Caen tel : 02 31 27 14 14