Le château de l’Engarran : une folie montpelliéraine
En visite à Montpellier et ses environs, je suis tombée sous le charme de l’Engarran, une des ‘folies’ de l’Hérault.
Balade entre le château, le jardin et ses vins.
C’est la belle grille d’entrée commandée par le financier Joseph de la Mosson pour son château qui fut rachetée par l’ancien propriétaire qui attirera votre tout premier regard.
Au-delà de cette grille, une façade de la pureté du XVIII ème siècle français en pierre jaune de Castries avec de beaux mascarons ceux des propriétaires, Jean et Suzanne Vassal qui s’offrirent la propriétaire pour leur mariage. Le classicisme s’affiche aussi grâce aux deux forts Atlantes dont le corps s’enlace dans des pieds de vigne, signifiant que la vigne pré-existait au château et que c’est elle qui le faisait et le fait vivre.
Plus austère car au nord la façade côté jardins met aussi en valeur de beaux mascarons, ceux de Suzanne aux trois époques de sa vie, enfant, adolescente mûre et vieille femme. Au loin dans le parc, au milieu de la fontaine rocaille laquelle devrait être restaurée prochainement si des artisans -compagnons arrivent encore à travailler coquillages et fresques ; Jean Vassal regarde sa belle.
Un château construit en 1750 sur un 1 er édifice de 1632
La visite de l’intérieur est pleine de charme pour qui aiment le siècle d’or que fut le XVIII ème siècle.Admirez l’entrée avec des boiseries jaunes tout en arrondi, ses moulures typiques où les dessus de porte reprennent les 4 saisons ; le salon d’apparat et ses gypseries sur le thème des voyages d’Ulysse (d’amusants jeux anciens dont un grammairien) ; un second salon aux boiseries blanches et bleues avec des portraits de famille ; une cuisine du XVII ème (dont les cuivres devraient être astiqués !).
La présence de photos, d’objets familiaux prouve l’existence d’une famille qui vit dans la propriété et cherche à en poursuivre l’héritage pour les générations futures.
Des jardins entre classicisme et romantisme
Oubliez les ravissants angelots en pierre du fronton, symbole de l’amour et des bacchanales ; laissez tomber les sculptures des aigles agressifs d’un blason et les douces colombes de la paix pour poser votre regard sur la douceur des jardins à la française qui s’étendent en trois terrasses en alternant bassins (dans la rondeur du 1 er se reflète le château), parterres de buis, lys et statues.
La statuaire dont un Apollon faisant face à une Diane laisse poindre une forte impression de romantisme. L’eau jaillit en plusieurs sources ; les grands vases offrent des bouquets de fleurs et des grappes de vignes. Assurément le couple Vassal et d’autres ultérieurement ont dû se laisser aller aux jeux de l’Amour d’autant que la nature moins maîtrisée au- delà des bosquets incite à se perdre et à se cacher parmi les grands arbres.
On comprend donc que le dernier film Monte Cristo avec Pierre Niney qui reprend le thème amoureux ait été en grande partie tourné à l’Engarran. En divers plans, le film a repris les deux façades de la propriété, le parc classé ‘Jardin Remarquable’.
L’Engarran ou les vins des femmes Grill
Viticole depuis ses origines et emblématique du Languedoc, l’activité ‘vins’ du domaine de l’Engarran est dynamisée par l’arrivée de la famille Bertrand-Grill en 1919. Et c’est surtout Francine Grill (récemment décédée) qui a pris en main dans les années 1970 les rênes de l’exploitation, qui a osé mettre en 1978 en bouteilles son vin alors que la région ne vendait qu’en vrac, qui a rendu ses cuvées bien plus premium, qui a travaillé à une reconnaissance et un anoblissement des trois appellations locales que sont le Pic Saint Loup, Terrasses du Larzac et Grés de Montpellier. Aujourd’hui la sixième génération (de femmes toujours !) prend la relève. Cuvées de partage (La Lionne ou Château de l’Engarran) ou d’exception (Adélys, Quetton Saint Georges, le Parc, Grenat Majeur…) permettent de déguster les trois couleurs du domaine : rosé, blanc, rouge à des prix allant de 8, 50 € à 45 € la bouteille.
Château de l’Engarran
Route de Lavérune
34 880 Lavérune