« Le Journal d’une femme de chambre » au Poche-Montparnasse : Célestine ou la noirceur des hommes

Guérit-on d’une enfance malheureuse ? Peut-on infléchir un destin quand il est marqué par un traumatisme précoce ? C’est la question qui se pose à travers cette adaptation théâtrale bouleversante du roman d’Octave Mirbeau, paru en 1900.

Dans sa chambre de bonne, Célestine, magistralement interprétée par Lisa Martino, nous raconte les places successives qu’elle a occupées chez des bourgeois de province. Le portrait qu’elle brosse de ses maîtres est féroce : fétichistes, pervers, hautains, idiots… aucun ne trouve grâce à ses yeux. « Et j’ai reniflé l’odeur de leur linge, de leur peau, de leur âme… Malgré les parfums, ça ne sent pas bon… » Loin de se poser en victime, la belle et espiègle Célestine prend le parti de rire des travers de ses patrons et patronnes. Lisa Martino campe avec talent une soubrette pétillante et pleine de gouaille qui utilise les mots de son journal intime comme autant d’armes pour résister à l’humiliation de sa condition domestique.

Les rires cèdent cependant la place aux larmes quand la jeune femme finit par nous confier son enfance sordide. L’alcool et l’opium, ses compagnons de solitude, l’aident à ne pas sombrer complètement. Nicolas Briançon adapte avec brio le destin de cette malmenée tellement émouvante qui, malgré sa force vitale, est happée comme un papillon par la noirceur humaine.


S.D.
Crédit photo : Fabienne Rappeneau

« Le Journal d’une femme de chambre »
Mise en scène : Nicolas Briançon
avec Lisa Martino
Assistante à la mise en scène : Elena Terenteva
Décor : Bastien Forestier
Costumes : Michel Dussarat
Vidéaste : Olivier Simola
Lumières : Jean-Pascal Pracht
Durée : 1h10
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Bd du Montparnasse, 75006 Paris
Renseignements et réservations par téléphone : 01 45 44 50 21

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