La maison Caillebotte, à Yerres : le temps retrouvé

Après une vingtaine d’année de travaux, la vaste résidence de campagne des Caillebotte rouvre au public. Cette renaissance permet de plonger dans le cadre qui a inspiré à Gustave Caillebotte près de 90 toiles. Elle constitue également un témoignage exceptionnel de la villégiature dans la seconde partie du 19e siècle.

L’âme de Gustave Caillebotte (1848-1894) plane sur la propriété familiale. Le peintre impressionniste, collectionneur et mécène, y a en effet séjourné entre 1860 et 1879. La villa de style néoclassique, agrémentée d’un parc de 11 hectares, est acquise par Caillebotte père alors que Gustave a douze ans. Comme cela se fait à l’époque, on achète les murs, mais aussi les meubles. Les Caillebotte s’installent sans rien changer et gardent ainsi la propriété « dans son jus », telle qu’elle a été rénovée sous la Restauration par son premier propriétaire, Pierre-Frédéric Borrel, chef du restaurant parisien Au Rocher de Cancale.

Pour l’équipe en charge de la réhabilitation du « casin » (mot d’origine italienne désignant une maison de campagne), tout l’enjeu a été de recréer un intérieur aussi fidèle et luxueux que celui d’origine, en s’appuyant sur les actes notariés, les tableaux et les photos d’époque. Ce décor grandiose doit beaucoup au Mobilier national, qui a généreusement prêté 80% du mobilier et qui a réussi la prouesse de livrer les meubles en trois mois.

Témoignage des arts décoratifs sous la Restauration

Au rez-de-chaussée, l’espace de réception s’ouvre sur la salle à manger et sa table dressée, ornée d’un service en faïence fine de Creil-Montereau. Pour remplacer les huit paysages disparus de Corot et de son atelier, on a choisi d’utiliser une technique très prisée à l’époque, celle des papiers peints, avec un délicieux panorama de jardins « à la française ».

Le salon voisin présente un inventaire des sièges que l’on trouvait au 19e siècle. Dommage de ne pas pouvoir s’y reposer un instant pour boire le thé, comme les dames d’autrefois… Dans la pièce suivante, on découvre la salle de billard telle que Caillebotte l’a représentée en 1875, avec l’impression d’entrer dans ce tableau, resté inachevé.

Au premier étage, la chambre à coucher parentale a retrouvé une bonne partie de son mobilier d’origine, acquis durant une vente aux enchères par le fonds de dotation « Les amis de la Propriété Caillebotte ». Le reste de l’étage évoque l’histoire du domaine ainsi que la vie des frères Caillebotte et de leurs passions.

Le parcours se termine par la visite, au deuxième étage, de « l’atelier ». On est un peu surpris, voire déçu : après une reconstitution aussi dense de la maison, on s’attendait à découvrir une pièce meublée. Point de chevalet ni de palette, ici. En revanche, on peut y admirer une dizaine de tableaux originaux exposés temporairement, dont le très beau « Portraits à la campagne », prêt du musée de Bayeux.

Dans le parc, sur les traces de Caillebotte

Pour compléter la visite, il faut prendre le temps de déambuler dans le parc à l’anglaise bordé par la rivière Yerres, à la recherche des points de vue choisis par Gustave Caillebotte pour ses tableaux. Ici aussi, le luxe est au rendez-vous. Le parc est en effet orné de fabriques, petites constructions à caractère pittoresque très en vogue au 19e siècle. Ici, un chalet suisse; là, une orangerie; plus loin un kiosque au style oriental… une oasis de verdure aujourd’hui ouverte gratuitement au public.

S.D.
Visuel d’ouverture © S.D.

Propriété Caillebotte
8 rue de Concy, 91330 Yerres
À 20 km de Paris, une demi-heure en RER.

Rétrospective consacrée à Jacques Truphémus jusqu’au 23 juillet.

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